Objectif : « Aux États-Unis, on a publié au cours des dernières années une quantité assez considérable de livres, de brochures et de périodiques traitant de l’éducation juive. La situation en Europe est tout à fait différente, et ceci pour des motifs, hélas, trop bien connus pour qu’il convienne de les rappeler. Comme les communautés juives deviennent de nouveau plus solidement établies, un des soucis primordiaux est de mettre au point des programmes d’éducation juive pour enfants, adolescents et adultes [...]. L’éducateur juif dans les pays européens pourra sans doute adapter à ses nécessités locales, certains matériels originaires d’Israël et des États-Unis, mais il devra à la fin produire des instruments éducatifs qui lui seront propres. Jusqu’à présent, peu a été accompli dans ce domaine en dehors de quelques débuts. Le travail devra maintenant être étendu dans les domaines de la publication de manuels, du matériel auxiliaire, de guides pour le maître et d’ouvrages pédagogiques. Le département de l’Éducation de l’American Joint Distribution Committee a entrepris maintenant de publier Hamoré, bulletin pédagogique trimestriel [...]. Il s’occupera surtout des aspects pratiques de l’éducation juive. Il sera édité et rédigé de plus en plus par les éducateurs juifs d’Europe. Ses domaines de l’activité pédagogique devraient offrir de larges possibilités de participation aux éducateurs juifs d’Europe qui auront à fournir leur contribution par des analyses de problèmes ou des rapports sur des expériences faites par eux » (n° 1, novembre 1957).
« L’Éducation juive dans les années 50, en Europe et en France en particulier, était engagée dans une lutte ardente pour se construire, pour attirer davantage d’enfants dans les écoles juives, pour trouver des professeurs d’hébreu, pour améliorer et renforcer la qualité de l’enseignement juif. L’AJDC a eu le sentiment qu’une publication pédagogique pourrait répondre à ces différents objectifs [...]. Hamoré avait été conçu pour être un périodique professionnel. Nous voulions soumettre à l’attention des éducateurs juifs des conseils didactiques et une méthodologie, aider l’enseignant à présenter sa matière dans sa classe, à comprendre les enfants et la dynamique du processus pédagogique, bref tout ce qui pouvait contribuer à permettre au maître de ‘transmettre’. Nous visions à améliorer le processus pédagogique, en particulier chez les enseignants qui n’avaient pas eu l’avantage d’une formation dans une institution spécialisée. Nous avons essayé d’introduire ces éducateurs juifs dans le monde de l’éducation juive, sa pensée, ses changements, ses nouvelles approches, toutes les voies et tous les moyens susceptibles de rendre l’étude juive plus plaisante et plus attrayante aux enfants juifs. Hamoré devait devenir un outil de valeur pour réaliser ces objectifs. Jamais il n’a été question d’en faire le porte-parole d’une organisation ou même d’un syndicat. L’AJDC a pour principe de s’abstenir de prendre parti dans la vie juive [...]. Hamoré se tenait à l’écart de toute politique, juive ou non juive : ce n’était pas un organe politique [...]. Autre principe fondamental : Hamoré devait être l’expression des éducateurs juifs, et non de l’AJDC ou du FSJU ou de l’Organisation sioniste. Le premier pas dans cette direction fut franchi avec la constitution d’un comité de rédaction, dont les membres furent choisis en fonction de l’apport qu’ils pouvaient fournir sans tenir compte de leurs allégeances politiques ou religieuses [...]. Hamoré était bien un journal démocratique d’éducateurs juifs pour éducateurs juifs [...]. Il stimulait, avec son directeur, la constitution d’une association des directeurs des écoles juives en Europe [...]. Hamoré essayait de garder les pieds sur terre, restant pratique, avec une approche pragmatique immédiatement valable pour son public [...]. Il s’est efforcé d’offrir des conseils concrets, des leçons-modèles, des cas d’espèce, tout ce qu’un éducateur pouvait adapter à ses besoins dans sa classe, pour préparer ses cours, lui apportant une aide dans sa tâche d’enseignant [...]. Des livres ont été publiés à titre de suppléments d’Hamoré : sur l’enseignement de l’hébreu, de l’histoire juive, sur « apprendre et enseigner » ; ces ouvrages sont devenus des manuels pour les enseignants juifs [...]. La pensée et la philosophie juives ne sont pas absentes de Hamoré. Nous avons publié dans des ‘articles de tête’ l’élite des penseurs juifs européens, rabbins, philosophes, responsables communautaires [...]. Naturellement Hamoré s’adressait aux éducateurs juifs de France, mais son public s’étend bien au-delà des frontières de ce pays. De temps à autre, nous avons sorti une édition en allemand et à une certaine époque une édition spéciale pour l’Afrique du Nord » (S. Abramovitch, mars 1989).
Contenu.
Revue pédagogique d’une grande ouverture d’esprit contenant des enquêtes, rapports, réflexions et propositions pratiques dans tous les domaines de l’enseignement : pédagogie générale et pédagogie juive, technique pédagogique, les notes et les examens, les programmes et l’organisation scolaire, l’école et les parents, les bibliothèques, les colonies de vacances, l’enseignement juif à l’étranger... Chaque numéro est centré autour d’un thème qui contient par ailleurs une analyse de la situation, des comptes rendus d’expériences, des articles de réflexion pédagogique et des propositions. Les sujets traités concernent en particulier : – l’enseignement de l’hébreu avec une présentation des méthodes et des manuels pour l’enseignement des langues vivantes, – l’enseignement de l’histoire juive, les nouvelles tendances, les manuels... – l’enseignement de la Bible, de la prière, des fêtes juives, – l’enseignement aux enfants isolés (dans les campagnes, par correspondance), aux enfants de 4 à 7 ans, aux adolescents (leurs besoins, le point de vue des psychologues, des parents), – la réforme de l’enseignement (théorie pédagogique et technique pédagogique ; présentation de la méthode Montessori), – les examens et compositions (réflexions pédagogiques liées aux méthodes de l’École nouvelle), – l’éducation des filles, – l’enseignement des valeurs juives, – l’éducation sexuelle, – les colonies de vacances. On trouve également : – Réflexion philosophique, pédagogique ou morale. – Leçons-type ou fiches de préparation de cours. – Échos et nouvelles (séminaires, congrès mondial des enseignants juifs, épreuves du diplôme de l’École normale juive, concours...). – La vie des écoles juives en France (à partir des années 1970). – Bibliographie, discographie ; courrier des lecteurs.
Des suppléments intégrés à la revue contiennent des articles sur l’éducation en Israël, des conseils pratiques aux professeurs d’hébreu, des exercices audio-verbaux et une présentation de livres édités par Hamoré, pour les parents, professeurs et élèves.
En 1960, un numéro spécial, entièrement rédigé en allemand, est consacré à l’histoire juive et à l’enseignement de l’hébreu ; il comporte des exemples pédagogiques.
|