INSTITUT FRANÇAIS DE L'ÉDUCATION

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Presse de l'éducation


 

INTRODUCTION

Ce répertoire de la presse d'éducation et d'enseignement publiée en France de 1941 à 1990, se situe dans le prolongement direct d'une série de quatre volumes précédemment consacrés aux périodiques édités du XVIIIe siècle à 1940 1. Depuis que le premier volume de cette première série était paru, en 1981, l 'ouvrage a amplement fait la preuve de son utilité pour l'histoire de l'éducation, étant devenu l'un des instruments de travail obligés de tous ceux qui s'intéressent à ce domaine, dans la diversité des approches qu'il autorise. Il a d'ailleurs inspiré à d'autres pays la publication de répertoires d'une conception similaire 2. La suite de ce répertoire était donc attendue, et c'est cette attente que le premier volume de cette nouvelle série entend combler.

Chronologiquement sa date initiale prend la suite immédiate de celle où c'était arrêté le répertoire précédent, avec lequel nous avons voulu maintenir une forte continuité. Il s'avère en effet que la guerre de 1939-1945 ne constitue pas, pour les périodiques d'enseignement, une rupture aussi radicale que l'on aurait pu s'y attendre : sur les 531 revues analysées dans le présent volume, 182, soit plus du tiers, ont débuté avant la guerre. Cette guerre a, certes, provoqué une désorganisation matérielle et humaine dans la rédaction des revues, un espacement des parutions, une perte des abonnés mais peu de revues ont brutalement et définitivement cessé leur parution. En revanche, les conditions de leur publication ont été bouleversées du fait, notamment, de la surveillance politique et la présence de la censure. Certaines associations ou maisons d'édition ont établi leur siège social en zone libre et la coupure de la France en deux a contraint certaines d'entre elles, pour rester au contact de leurs adhérents, à publier deux éditions, portant un titre différent. 3 Certaines ont contourné l'interdiction de paraître en zone occupée, en changeant de titre à chaque numéro 4. Parfois, l'existence de l'édition en zone occupée n'est connue que par des mentions apparaissant dans l'édition de la zone libre 5.

L'Occupation et l'immédiat après-guerre

C'est la presse émanant des mouvements et associations de jeunesse qui constitue le gros bataillon des périodiques paraissant pendant cette période. Elle se partage entre le silence politique – mettant l'accent sur des sujets consensuels : conseils pour s'accommoder de la pénurie, entraide, religion, histoires édifiantes ou drôles, nouvelles des mobilisés –, et l'indulgence ou l'enthousiasme envers le gouvernement de Vichy 6. Le maréchal Pétain est, dans ce cas, présenté comme le grand ami des enfants, le sauveur de la France et de ses valeurs. Il tient sa place dans le panthéon des grandes figures patriotiques à côté de Bayard ou de Jeanne d'Arc 7, il est du côté des humbles – le paysan qui aime sa terre, le jeune travailleur, l'instituteur sur qui repose l'avenir de la jeunesse et dont il fait l'éloge : « Messieurs les instituteurs, je suis résolu à rendre à votre fonction la dignité qui lui revient ». Les Cœurs vaillants-Âmes vaillantes lui adressent des messages d'amitié : « Nous savons que vous aimez beaucoup les enfants, aussi nous sommes contents de vous écrire pour vous dire que nous sommes bien décidés à appliquer vos principes » 9.

L'immédiat après-guerre, jusqu'en 1947 10, apparaît comme un grand moment d'effervescence éditoriale, bien que parfois éphémère. Les pénuries de papier obligent les revues à pratiquer des prix d'abonnement parfois dissuasifs. Certaines d'entre elles, émanant de petites associations ou de mouvements disposant d'autres relais (c'est le cas en partie de la presse de la Jeunesse étudiante chrétienne), cessent rapidement leur parution tandis que celles qui continuent à paraître, restreignent leur pagination ou espacent leur parution.

À la Libération, on dresse le bilan de l'action menée durant les années de guerre. On se réclame des morts et des blessés ayant appartenu à son association ou à son mouvement, d'autant plus que l'attitude adoptée pendant l'Occupation a été ambiguë. Cœurs vaillants, revue du mouvement des Cœurs vaillants-Âmes vaillantes, reparaît, après une brève interruption, en portant sous le titre, en gros caractères : « Publié clandestinement pendant l'Occupation ». Le Cercle Fustel de Coulanges, interdit à la Libération, justifie en 1955, son soutien au maréchal par la nécessité qu'il y avait « d'appliquer les énergies françaises à une réforme de nos mœurs et à une refonte de nos institutions » 11. De son côté, la presse communiste rappelle le rôle du Parti dans la Résistance et tente d'attirer vers elle les intellectuels, en exaltant le rôle des résistants universitaires, comme Jacques Solomon ou Georges Politzer. L'élan de sympathie qu'elle suscite avec ses mots d'ordre de paix et de désarmement s'essouffle progressivement en raison de ses demandes d'épuration radicale de l'Université (« Unir toutes les catégories universitaires [...] pour châtier les traîtres ») et des attaques répétées contre ceux qui n'ont pas participé à la Résistance 12.

 La jeunesse

Les mouvements et associations de jeunesse, laïques ou chrétiens, se donnent comme but la reconstruction d'une nation nouvelle sur des valeurs fortes : tolérance, amitié, entraide. Pour cela, il faut grouper et encadrer les jeunes. Pour mieux cerner et cibler ce public, on opère en son sein des distinctions multiples, qui conduisent à s'adresser à lui par âge, sexe, formation scolaire, profession. La Jeunesse étudiante chrétienne et la Jeunesse étudiante chrétienne féminine publient ainsi des revues différentes pour les jeunes du collège 13 des sections moderne et technique 14, pour les étudiants en université, en classe préparatoire ou en grande école 15.

On veut, dans un premier temps, former et (re)christianiser les jeunes scolarisés : « Nous voulons christianiser notre milieu […], le rendre plus chrétien dans ses attitudes, dans sa pensée » 16. À côté de textes de réflexion religieuse, sont publiés des articles sur l'école, l'orientation scolaire, les études, l'actualité, surtout politique. La Jeunesse agricole chrétienne et la Jeunesse agricole chrétienne féminine, outre leurs publications destinées aux jeunes agriculteurs (ou agricultrices), tentent de lancer des éditions spéciales pour les filles de ferme 17 et même pour la jeunesse bourgeoise et aristocrate, retirée dans ses châteaux à la campagne 18. Le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, qu'elles rejoignent, a lui aussi ses branches et ses publications spécialisées, Jeunesse chrétienne de l'artisanat et du commerce 19, Jeunesse chrétienne de l'industrie en milieu rural 20, Jeunesse chrétienne des services sociaux 21. De nombreuses revues de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine, préparent très tôt le jeune à l'apprentissage et au monde du travail et revendiquent pour le jeune ouvrier des conditions de travail et de rémunération plus justes : « Unissons-nous pour défendre les conquêtes de la classe ouvrière, unissons-nous pour nous faire respecter dans le travail » 22. Pour attirer les jeunes, on va au devant de leurs désirs et préoccupations. Les sorties, les relations entre garçons et filles, le flirt, le mariage, figurent parmi les grands thèmes de la presse jaciste et jociste. Au total, elle se consacre plus aux problèmes de leur vie quotidienne qu'à des sujets purement religieux.

Ces mouvements connaissent dans un premier temps un essor qui leur permet de maintenir simultanément plusieurs publications spécialisées. Ce succès ne s'inscrit pourtant pas dans la durée puisqu' assez rapidement, des éditions spécialisées fusionnent 23, ou que les branches masculines et féminines s'entendent pour publier une revue unique 24. Par ailleurs, le concile Vatican II marque profondément les mouvements catholiques et des conflits surgissent avec la hiérarchie catholique : revendication d'une indépendance plus grande de la part des mouvements de jeunesse (d'où la crise de la JEC en 1966) 25, rôle et responsabilité des laïcs à l'intérieur de l'Église. La presse périodique constitue à la fois un témoin et un acteur de tous ces bouleversements.

Pour atteindre des jeunes qui n'ont que des rapports très lointains avec la religion, on lance aussi des revues destinées au grand public. C'est ainsi que la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et la Jeunesse étudiante chrétienne féminine (JECF) la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) et la Jeunesse agricole chrétienne féminine (JACF) alliées à la Maison de la Bonne presse, lancent en 1959 Rallye-jeunesse « journal de masse visant à prendre en charge l'ensemble des scolaires, spécialement les non-militants et non-chrétiens ». Il sera tiré à 300 000 exemplaires. Christiane, émanant en 1946 de la JECF, s'adresse très rapidement à toutes les jeunes filles de 15 à 20 ans pour les aider « à regarder la vie en face » et atteint ainsi un tirage de plus de 100 000 exemplaires. L'actualité culturelle, sportive, la mode, tiennent une place importante dans le contenu de cette presse, mais elle s'ouvre également à l'actualité politique et sociale. La guerre d'Algérie soulève beaucoup d'intérêt et l'envoi du contingent suscite une forte opposition.

Au cours des années 1960, les périodiques témoignent de la montée des révoltes : contre l'école, la famille, le pouvoir, l'autorité... Mai 1968 est soutenu par la plupart des revues. Dans les années 1970, certaines d'entre elles adoptent des attitudes révolutionnaires ou provocatrices : « Les jeunes sont pré-aliénés par une école qui les tient à l'écart du monde [...1. Tout mouvement de libération ne saurait passer que par une déscolarisation » 26. Antimit, organe de la Jeunesse indépendante chrétienne, adopte comme sous-titre « Pour ne pas se laisser bouffer » et proclame que « nous ne voulons plus nous laisser bouffer par un rythme débile qui nous empêche de vivre avec tout notre corps, par une peur de parler, de dire ce qui est important pour nous ». On aborde des sujets jusqu'alors tabous, le sexe, la drogue, l'avortement... On parle du mal-vivre de la jeunesse, du chômage, de la solitude, du suicide. On manifeste contre la réforme Haby, les démocraties populaires sont données en exemple, on stigmatise l'action de la France dans les pays du tiers-monde. L'impossibilité de ressusciter l'esprit de 1968 et l'arrivée de la gauche au pouvoir, assagissent la jeunesse au cours des années 1980. On oublie la volonté de tout changer pour s'intéresser davantage à l'environnement, au fonctionnement des institutions, à l'intégration des immigrés et aussi à l'Église et à la foi.

Le scoutisme, favorisé par le déclin du patronage, attire aussi un nombre important de jeunes. On veut désormais sortir de la ville, organiser des activités, participer à des week-ends à la campagne, se retrouver dans des camps autour du feu, sentir, grâce à l'uniforme, qu'on fait partie d'un groupe possédant ses règles et ses signes distinctifs. Le scoutisme est dans sa majeure partie confessionnel : Scouts et Guides de France, catholiques 27, Éclaireurs éclaireuses unionistes, protestants 28, Éclaireurs éclaireuses israélites 29, mais les Éclaireurs neutres, laïcs, sont aussi présents. Dans le scoutisme, la division par sexe et par âge est toujours en vigueur : louveteaux, jeannettes, scouts, guides, caravelles, etc. À chaque division correspond le plus souvent une publication spéciale. La connaissance de la nature, le bricolage, les jeux, les chants, la préparation du camp, y occupent une place essentielle.

Au recrutement massif des mouvements de jeunesse de tous bords, doit répondre un encadrement tout aussi important. De très nombreuses revues s'adressent aux cadres, leur prodiguant conseils, formation, plans d'action, propositions d'activités pour occuper et éduquer les jeunes. Camaraderie est le bulletin des cadres pour les Francs et Franches camarades, offrant une formation (pédagogie et psychologie de l'enfant) et une documentation très riches aux moniteurs du mouvement. L'Angon est la revue des chefs éclaireurs neutres de France, Bulletin-E.E.I.F. est le mensuel des responsables éclaireurs éclaireuses israélites, Cahiers, l'organe des cadres protestants, tandis que L'Ami des Scouts et des Guides s'adresse aussi aux parents, amis et anciens du scoutisme.

L'éducation morale et religieuse des jeunes et, en particulier, de la jeune fille, devient la préoccupation de mouvements spécialisés. Les Jeunesses mariales, le Mouvement eucharistique des jeunes, l'Apostolat de la prière, l'Action familiale pour l'apostolat de l'enfance, la Sainte-Enfance, les Unions chrétiennes de jeunes filles, etc., s'en chargent. L'accent y est mis sur la pratique religieuse, la culture des vertus féminines et chrétiennes, la modestie, le courage, la patience, le devoir 30.

La presse destinée à la jeunesse constitue une grande partie du présent répertoire. La sélection des titres qui y figurent, parmi les centaines d'autres qui n'ont pas été pris en compte, repose sur les objectifs éducatifs que cette presse affiche : éduquer la jeunesse, lui proposer des loisirs sains, lui inculquer des valeurs morales mais aussi l'ouvrir vers le monde extérieur. La découverte constitue un thème récurrent. Découverte humaine : pour tolérer et respecter les autres, il faut les connaître. On découvre les jeunes d'autres pays, leurs coutumes, leur école, leur langue, on procède à des échanges scolaires ou épistolaires. Découverte scientifique : il faut éveiller la curiosité pour développer l'esprit critique, enrichir les connaissances. Découverte de la nature et de l'environnement qu'il faut apprendre à respecter, à préserver, à reconstituer.

L'école

Au lendemain de la guerre, la question de l'éducation de la jeunesse et la nécessité de réformer le système éducatif préoccupent l'opinion publique. Le plan Langevin-Wallon est présenté, expliqué, réclamé, critiqué. Des mouvements éducatifs puissants, Freinet, CEMEA, GFEN, CRAP..., présentent de nouvelles méthodes d'enseignement, conduisent des expériences, éditent des revues souvent à gros tirages 31. À côté des revues pédagogiques générales, de petits groupes d'enseignants et de pédagogues réfléchissent à la pratique d'une discipline donnée. C'est le cas des Cahiers de Beaulieu pour l'enseignement des disciplines scientifiques, des Cahiers du C.R.E.L.E.F. pour l'enseignement du français, ou des Cahiers d'allemand qui s'intéressent à l'enseignement de cette langue.

Les langues régionales prennent un envol avec la loi Deixonne. Des revues s'attachent à promouvoir l'apprentissage de l'occitan, du provençal, du basque, du breton 32. L'occitan est la langue régionale qui connaît le plus grand nombre de publications. Les technologies nouvelles, l'audiovisuel, la vidéo 33, l'informatique, sont également à l'origine de nouvelles publications. L'informatique, en particulier, d'abord étrangère au savoir et à la culture de la plupart des enseignants, entre dans le contenu d'un grand nombre de revues au cours des années 1970 et 1980. L 'association Enseignement public et informatique, qui publie une revue du même nom, se donne ainsi pour but de « promouvoir et favoriser toute action de recherche et de formation visant à la diffusion et à l'utilisation de l'informatique dans l'enseignement public ».

La démocratisation de l'enseignement se traduit par l'entrée d'un nombre important de jeunes dans l'enseignement supérieur. Des revues estudiantines, nationales ou locales, se font l'écho des préoccupations de leur public. Celles-ci sont d'ordre pédagogique, social, matériel. On réclame plus de professeurs, une meilleure formation, on s'inquiète des débouchés, des carrières, du service militaire et de la conscription, on proteste contre le surpeuplement des locaux, la cherté des restaurants universitaires, l'insuffisance des logements pour étudiants. Le présent répertoire n'analyse que les revues de dimension nationale, mais cette presse estudiantine est proliférante : chaque université, chaque faculté, a désormais sa publication. Nombre de revues ou de bulletins émanent des grandes centrales syndicales d'étudiants, d'autres sont le fruit d'un petit groupe et peuvent disparaître avec lui.
Autre présence plus massive encore, la presse émanant des élèves et des établissements du second degré. Les titres paraissent ici par milliers et concernent aussi les associations de parents d'élèves, groupés par établissement, quartier, ville ou région entière. La presse nationale des grandes fédérations, UNAPEL, FCPE, PEEP, répercute les revendications de la base ou fait descendre vers elle ses mots d'ordre.

Les associations d'enseignants sont plus que jamais présentes et constituent des groupes de pression catégorielle auprès des instances supérieures du ministère de l'Éducation. Ils se groupent par disciplines, par catégories administratives, par niveaux. Toutes les disciplines enseignées ont leur association et leur publication. À côté des grandes revues émanant d'associations puissantes, comme Historiens et géographes, Bulletin de l'Association des professeurs de mathématiques, Bulletin de l'Union des physiciens ou Bulletin de l'Union des naturalistes, on trouve l' A.P.P.E.L., organe de l'Amicale des professeurs de peinture et plâtrerie, l' Amibois, qui émane de l'Amicale des professeurs techniques du bois, le Bulletin de l'A.P.E.P.A. qui est celui de l'Association des physiciens de l'enseignement public agricole et même le bulletin de l'Union des professeurs de danse de salon 34. Au total, et seulement pour le présent volume, on dénombre pas moins de vingt-six publications émanant d'associations d'enseignants défendant leur discipline.

Les enseignants se groupent aussi par catégories, par niveaux, par diplômes. Il y a les agrégés, avec leur revue L'Agrégation ; les certifiés 35, les professeurs licenciés ou certifiés des classes élémentaires des lycées de garçons 36, le personnel des cours complémentaires 37, les éducateurs des classes nouvelles de l'enseignement du second degré 38, les puéricultrices diplômées de l'État 39, les institutrices [et instituteurs] des écoles maternelles et des classes enfantines 40, etc. Les autres personnels de l'Éducation nationale sont également présents par leurs publications : les inspecteurs d'académie, les psychologues scolaires, les bibliothécaires et documentalistes, les intendants et les surveillants, etc.

De son côté, le ministère ou ses services officiels (inspections, rectorats...) fait connaître à ses fonctionnaires les décisions, décrets, circulaires, lois, qui les régissent par le biais d'un certain nombre de publications. En premier lieu, le Bulletin officiel [du ministère] de l'Éducation nationale, successeur du Bulletin administratif du ministère de l'Instruction publique qui paraissait depuis 1832. Il est reçu par tous les établissements scolaires et contient tous les actes administratifs produits par celui-ci. Les Bulletins départementaux de l'instruction primaire 41 paraissaient également, pour une grande partie d'entre eux, depuis le XIXe siècle et continuent d'être reçus par les établissements du premier degré. Leur déclin est néanmoins visible, d'autres sources d'information venant les concurrencer. Sur les 86 bulletins départementaux édités après la guerre, 17 seulement d'entre eux le sont encore en 1990. Dans le même registre de la continuité, s'inscrivent les bulletins d'enseignement concernant les colonies et protectorats français tels le Bulletin de l'enseignement primaire au Cambodge, le Bulletin de l'académie d'Alger, celui du Maroc, du Soudan français ou de Madagascar. On trouve même un très éphémère Bulletin de l'enseignement français en zone allemande occupée. Leur parution s'arrête avec la fin de la présence française dans ces pays. À partir des années 1960 débutent, en revanche, les publications des CRDP et CDDP. Leur production s'amplifie au cours des années 1970 et 1980, grâce à la décentralisation et à l'importance des moyens qui sont accordés à ces centres. C'est ainsi que chaque centre régional publie des bulletins de liaison destinés aux professeurs de l'académie par discipline 42.

Innovation plus ponctuelle : le ministre et son cabinet tentent de porter la bonne parole directement et sans intermédiaire auprès des acteurs et usagers du système éducatif. Ainsi, dans Le Courrier de l'éducation, René Haby souhaite développer l'effort d'information afin « que tous ceux qui ont la responsabilité de notre jeunesse [soient] parfaitement et clairement tenus au courant des décisions ministérielles ». Et au moment même où il entreprend la réforme qui porte son nom, une autre édition de ce même bulletin paraît en parallèle, destinée spécialement aux élèves afin de leur « fournir des éléments d'information » pour une appréciation objective de cette réforme. Les chefs d'établissement, les parents d'élèves, les professeurs, sont aussi l'objet de la sollicitude ministérielle 43. Enfin, Découvrir. Le ministère de l'Éducation nationale, émanant du Service d'information et des relations publiques du ministère, s'adresse spécialement aux « 3202 habitants » de ce ministère qui « se croisent dans les couloirs, se téléphonent sans parfois se voir jamais » pour leur faire mieux connaître la vie culturelle et sociale de la Centrale.

L'éducation et l'enseignement en dehors du cadre public

Toute une série de revues gravitent autour du milieu scolaire, se donnant comme objectif d'aider, de former, de renseigner, d'orienter parents, élèves, étudiants, adultes.

Les revues d'éducation familiale, destinées dans le passé en priorité aux mères de famille, s'adressent désormais aux deux parents. À la revue Aux mères de famille succède Pères et mères de famille ; des revues destinées à un large public, comme Enfants magazine. Le mensuel pratique des parents, ou Parents connaissent un large succès. Si elles apportent des réponses aux questions ayant trait à l'éducation physique et morale des enfants, d'autres préoccupations se font jour au fur et à mesure que ceux-ci grandissent : quel choix pour l'école, les études, le métier ? Comment gérer au mieux la psychologie, le comportement, les aptitudes particulières de chaque enfant ? Dans le premier cas, un enseignement privé, laïc ou catholique, répond aux stratégies des familles qui cherchent à éviter l'école de leur quartier ou l'orientation proposée par l'établissement public que fréquente l'enfant ; des motivations religieuses entrent aussi en ligne de compte, surtout régionalement. Des revues diocésaines de l'enseignement libre 44 informent les parents sur les écoles et les manifestations scolaires du diocèse. D'autres se situent au plan national pour prodiguer conseils et informations d'ordre général 45.

Le jeune peut aussi, le cas échéant, avoir recours à l'enseignement par correspondance. Le Centre national d'enseignement à distance (CNED) dispense un enseignement tout au long de l'année scolaire et des cours de rattrapage pendant les vacances, tant par discipline que par niveau. Sa revue Apprendre fournit des informations sur ses missions, son public, ses enseignements. Dans le passé, des publications dues à l'initiative privée avaient aussi eu comme objet l'enseignement à distance, mais avec des objectifs ou dans des secteurs plus précis comme le baccalauréat, le commerce, l'agriculture 46. Pour toutes les questions ayant trait à l'orientation scolaire et professionnelle, le choix du métier, le recours à l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP) s'avère utile. Sa revue Avenirs, paraissant depuis 1947, entend donner des informations non seulement sur le choix du métier, mais aussi sur les perspectives de carrière, sur le marché du travail, sur les métiers d'avenir, sur les découvertes scientifiques et techniques.

La scolarisation et la formation des enfants handicapés est d'abord l'objet de préoccupations et d'initiatives privées. Des parents se regroupent et créent des associations en faveur de l'enfance inadaptée. Si des organismes et leurs revues, pour les sourds-muets et les aveugles, existaient bien avant la guerre, tous les handicaps physiques et mentaux sont progressivement pris en compte par des associations et des publications spécialisées. Elles visent à sortir les familles de l'isolement que provoque le handicap de leur enfant, à servir de lieu d'échange pédagogique et social, à agir comme groupe de pression envers les pouvoirs publics 47. Des recherches et expériences pédagogiques sont conduites au sein d'instituts médico-pédagogiques 48. Parmi les plus importants figurent l'Institut médico-éducatif de Beaumont, siège du Centre national d'études et de formation pour l'adaptation scolaire et l'éducation spécialisée 49 ou le Centre national d'études et de formation pour l'enfance inadaptée établi à Suresnes 50.

Par rapport aux périodes d'avant guerre, la presse se caractérise également par le nombre croissant de titres qui se consacrent à la formation. On forme dans tous les métiers, dans tous les milieux : parents, éducateurs, aumôniers, animateurs, enseignants, travailleurs. Ainsi, les Cahiers de l'I.F.O.R.E.P., organe de l'Institut de formation, de recherche et de promotion « créé par des travailleurs et géré par eux », souhaite « offrir une formation qui permette d'assumer les responsabilités [...], d'élargir son champ de savoir » mais aussi d' « aider l'individu à devenir un homme responsable et lui donner les moyens de communiquer avec les autres hommes ».

Un dernier ensemble de périodiques apparaît dans 1e domaine éducatif : celui des publications internationales, ou à dimension internationale forte. Dans le premier cas, elles sont surtout le fait de l'UNESCO 51, de ses branches spécialisées, comme sa Division de l'alphabétisation 52 ou encore des institutions ou associations créées à sa demande ou soutenues par elle. C'est le cas du Bureau international d'éducation, créé dès 1925 à Genève, « dont le but est de servir de centre d'information et de recherche pour tout ce qui touche l'éducation » et qui, à partir de 1969, fait partie intégrante de l'UNESCO et « accomplira les tâches d'un centre international d'éducation comparée » 53. C'est le cas du Centre international de l'enfance, créé au lendemain de la guerre « par l'action conjuguée du gouvernement français et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance » 54. C'est l'Association internationale des universités, subventionnée par l'UNESCO et qui publie une revue du même nom. Ou encore le Centre français d'information sur l'éducation de base et l'éducation des adultes 55, créé en 1952 à la demande de l'UNESCO et destiné en particulier aux pays en voie de développement de la zone francophone.

Dans le domaine de la coopération internationale et du personnel expatrié, une foule de revues se chargent de maintenir les contacts 56, de procéder aux échanges pédagogiques 57 ou de consacrer tout ou partie de leur contenu à la comparaison des divers systèmes éducatifs 58. Tout particulièrement à partir des années 1960, les institutions européennes qui se mettent progressivement en place se préoccupent aussi de la circulation de l'information en matière d'éducation, de la coordination des recherches et de la documentation pédagogiques, pour harmoniser les systèmes éducatifs des pays qui composent la communauté européenne. Le Centre de documentation pour l'éducation en Europe et le Centre de la coopération culturelle sont les deux institutions du Conseil de l'Europe en charge de ces objectifs. Ils entendent « définir progressivement, avec plus de précision, le modèle éducatif proposé aux jeunes générations [...], concevoir à partir des exigences de la société économique européenne et du modèle européen de culture, les objectifs généraux de l'enseignement, ses niveaux de formation, ses chances de progression » 59. Enfin, des associations donnent à leurs missions, jadis nationales, une dimension planétaire. C'est le cas de la Ligue française de l'enseignement, qui fonde en 1957, la Ligue internationale de l'enseignement, de l'éducation et de la culture populaire 60. Quant à l'Alliance française, qui travaille à répandre, dès la fin du XIXe siècle, la langue et la culture françaises dans le monde entier, elle continue cette œuvre par de nouvelles publications s'adressant à un public plus ciblé 61 et par l'amélioration de la présentation de sa publication à dimension internationale 62, désormais dotée d'un support sur papier glacé et d'une abondante iconographie, car elle se veut une « vitrine de la France et de l'Alliance française à l'étranger ».

L'intérêt des périodiques analysés dans ce répertoire ne le cède donc en rien à celui des publications éditées durant les années précédentes. Au contraire, le foisonnement des titres, durant le demi-siècle en question, en fait un reflet particulièrement fidèle de ce qu'a été la vie sociale et associative durant toute cette période, constituant ainsi, pour l'historien, un observatoire privilégié de toutes les évolutions et de toutes les révolutions qu'ont connues les contenus, les formes, les objectifs et les idéaux de l'éducation, de l'enseignement et de la formation.

Pénélope CASPARD-KARYDIS

 

NOTE SUR L'ÉTABLISSEMENT DU RÉPERTOIRE

Les notices dont se composent ces répertoires ont été établies à partir d'une analyse de l'ensemble des numéros de chaque revue, conservés essentiellement à la Bibliothèque nationale de France. Dans l'hypothèse la plus favorable, elles comprennent les rubriques suivantes :

I – Description bibliographique

Titre (s)

Sous titre (s)

Années d'existence. L'année de la fin du dépouillement a été fixée à 1990. Si la revue continue à paraître après cette date, une flèche (->) remplace la date de la fin. Cette date de fin est parfois conjecturale. Elle correspond, dans ce cas, au dernier numéro conservé à la BNF ou dans une autre bibliothèque où la revue a été consultée. Il en va de même pour quelques années de début de parution. Dans ces deux cas, les dates douteuses sont suivies d'un point d'interrogation.

Société, association, organisme éditeurs.

Filiation ascendante ou descendante ; liens divers existant avec d'autres revues.

Comité de direction, tant pour les revues que pour les associations éditrices, comité de rédaction ; éventuellement, fonctions ou identité de ceux-ci. La liste des noms cités résulte d'un choix souvent restreint, qui a notamment pour but de suggérer l'orientation ou l'intérêt de la revue.

Périodicité ; format ; nombre de pages publiées annuellement ou par numéro lorsque la publication s'étend sur moins d'un an ou connaît une parution très irrégulière ; prix ; tirage.

Lieu d'édition, éditeur et adresse du siège social de la revue.

II – Objectif

L'objectif de la revue est généralement emprunté à l'avertissement, l'avis au lecteur, le prospectus ou l'éditorial qui se trouvent dans les premiers numéros. Dans le cas où aucun objectif n'a pu être trouvé tout au long de sa parution, l'orientation générale de la revue peut être indiquée en quelques lignes.

III – Contenu

Sont énumérés les principales rubriques et les principaux thèmes traités par la revue au cours de son histoire.

IV – Cotes

Cote de la Bibliothèque nationale de France (BNF) suivie de l'état de la collection lorsque les années conservées ne correspondent pas à celles qui sont indiquées au début de la notice. En cas de changement de titre, les dates de ce changement sont également indiquées après la cote.

À défaut de la cote de la BNF, cote d'autres bibliothèques parisiennes.

REMARQUES

Le répertoire ne contient qu'une partie des très nombreux titres de périodiques traitant d'éducation et d'enseignement. Sauf exceptions, qui peuvent être d'ailleurs relativement nombreuses, n'ont pas été analysés systématiquement :

– la presse des syndicats d'enseignants ;

– la presse de l'enseignement libre, confessionnel et laïc ;

– les bulletins d'élèves ou d'anciens élèves d'établissements d'enseignement ;

– la presse des parents d'élèves ;

– les journaux scolaires ;

– la presse estudiantine ;

– la presse pour la jeunesse ;

– la presse régionale ou locale des mouvements de jeunesse ;

– les périodiques d'enseignement supérieur dont le contenu est principalement scientifique ;

– les recueils de cours ou de conférences ;

– les annuaires ;

– les rapports de congrès ;

– la presse officielle émanant d'organismes tels que les CRDP, CDDP, l'ONISEP, les rectorats, etc.

Sources : Banque informatisée BNF Opale plus qui, présente depuis la fin des années 1990, contient tout le fonds « Imprimés » de la BNF, livres et périodiques confondus. Plusieurs entrées sont possibles : titre, éditeur, auteur (en cas d'une association éditrice), cote, sujet, etc. Ce sont elles qui ont permis de constituer le corpus. Néanmoins, pour la recherche de titres, les difficultés sont importantes si on utilise certains mots clés comme « éducation » : les occurrences sont si nombreuses qu'elles excèdent les capacités de recherche de l'ordinateur.

 

Notes : 1La Presse d'éducation et d'enseignement, XVIIIe siècle-1940. Répertoire analytique établi sous la direction de Pierre Caspard, Paris, INRP/CNRS, t. I : A-C, 558 p., et t. II : D-J, 686 p., par Pénélope Caspard-Karydis, André Chambon, Geneviève Fraisse, Denise Poindron, t. III : K-R, 556 p., et t. IV : S-Z et suppléments, 762 p., par Pénélope Caspard-Karydis et André Chambon.

2 Voir pour le Portugal : A Imprensa de Educaç ȧ o e Ensino. Repertorió analitico (séculos XIX-XX), sous la direction d'António Nóvoa, Lisbonne, lnstituto de Inovação Educacional, 1993, 1062 p., et pour l'Italie : La Stampa pedagogica e scolastica in Italia (1820-1943), sous la direction de Giorgio Chiosso, Brescia, La Scuola, 1997, 926 p.

3 Voir Bernadette.

4 Voir à titre d'exemple la revue Abeille.

5 Voir Au service des jeunes rurales.

6 Le Bulletin des jeunes est « destiné aux meilleurs d'entre nous, à l'élite des jeunes Français […] C'est lui qui dira comment servir : Le Maréchal, La Révolution, La France » tandis que Compagnons conseille au jeune lecteur « Si le découragement te prend, pense à l'exemple du Maréchal ».

7 Voir Cahiers de notre jeunesse.

8 In Bulletin national de l'enseignement primaire.

9Cœurs vaillants-Âmes vaillantes.

10 On compte respectivement 32, 26 et 17 nouvelles fondations ou reprises après interruption pendant l'Occupation.

11Cahiers du cercle Fustel de Coulanges.

12Bulletin mensuel d'information de l'Union française universitaire.

13Anima JEC 4-3.

14 Voir dans la suite du répertoire, Messages. Aux équipes jécistes de France et de l'Empire. Éditions modernes et techniques ou dans celui-ci, les revues Amitié ou Coup d'œil sur le technique.

15 D'une part Action catholique étudiante. Édition universitaire et d'autre part Action catholique étudiante. Préparation aux Grandes écoles.

16Agir. Bulletin mensuel des militantes de la JECF des lycées.

17 Voir à Militante jaciste, son supplément Jeunes ouvrières rurales.

18Notre terre.

19Bâtir et servir.

20Jeunes ruraux ouvriers.

21Élan nouveau.

22La Jeunesse ouvrière.

23 Voir par exemple, pour la JAC, la revue Leader (qui naît, en 1969, de la fusion de quatre publications spécialisées).

24 Voir Jeunesse ouvrière.

25 Voir Action catholique étudiante.

26Aristide.

27Scout de France.

28A.E.I.O.U.

29Azimut 360°.

30 Citons Annick et son équipe. Revue mensuelle des jeunes cadettes de la Vierge, ou Cadettes du Christ.

31 Voir par exemple les Cahiers pédagogiques qui bénéficient pendant longtemps du soutien du ministère de l'Éducation nationale ou L'Educateur, édité par le mouvement Freinet.

32 À titre d'exemple, citons Aici e ara pour l'occitan, Association varoise pour l'enseignement du provençal, Aekazeta pour le basque, Ar Falz pour le breton.

33 Voir le Bulletin de la radio-télévision scolaire ou A.P.T.E. Audiovisuel pour tous dans l'éducation.

34 Voir à Bulletin officiel de l'Union syndicale nationale des professeurs de danse de salon, de gymnastique harmonique, rythmique...

35Le Certifié.

36 Voir à Bulletin des classes élémentaires.

37 Voir à Bulletin mensuel de l'association...

38 Voir à Classes nouvelles.

39 Voir à Cahiers de la puéricultrice.

40 Voir Le Courrier des maternelles.

41 Voir leur liste et l'état de leur collection à Bulletin départemental de l'instruction primaire.

42 En raison de leur massivité, plusieurs centaines de titres, et d'une grande homogénéité dans leur contenu, nous ne publions que quelques exemples comme La Gazette des germanistes éditée par le CRDP de Lille ; la liste exhaustive de ces publications figurera dans les annexes du répertoire.

43 Voir Bulletin officiel [du ministère] de l'Éducation nationale.

44 Tel le Bulletin de l'enseignement catholique dans le diocèse d'Angers.

45 Voir Bulletin d'information du Secrétariat général de l'enseignement catholique.

46 Ainsi : All's well, pour l'enseignement de l'anglais, Baccalauréats, pour une préparation plus intensive à cet examen, Bulletin de l'enseignement agricole et ménager par correspondance, Le Cours commercial ou encore Le Cours industriel.

47 Voir, par exemple, Jeunesse handicapée.

48Bulletin de liaison et d'information des instituts médico-pédagogiques.

49 Voir Les Cahiers de Beaumont.

50 Le Courrier de Suresnes ou encore le Bulletin du Comité français des écoles de plein air, des maisons à caractère sanitaire, des classes en hôpital.

51 Voir Le Courrier de l'UNESCO ou Année internationale de l'éducation.

52 Voir la revue Alphabétisation.

53Bulletin du Bureau international d'éducation.

54Courrier du Centre international de l'enfance.

55Bulletin de liaison du Centre français d'information...

56 À titre d'exemple : Coopération internationale, revue émanant du ministère de l'Éducation nationale, Dialogues. Bulletin de liaison des professeurs français à l'étranger, organe de la Mission laïque française.

57Les Amis de Sèvres.

58Bulletin de l'Association francophone d'éducation comparée.

59Faits nouveaux-Newsletter ; voir aussi des revues comme Éducation et culture ou Centre de documentation pour l'éducation en Europe.

60 Voir Bulletin d'information internationale.

61 Voir 30 Jours à l'Alliance française ou encore 101 boulevard Raspail à l'intérieur de la notice Bulletin mensuel d'information de l'Alliance française.

62 La revue paraît depuis 1961 sous le titre Bulletin mensuel d'information de l'Alliance française  ; en 1989, elle change son titre en Alliances.