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Presse de l'éducation


 

INTRODUCTION

L'idée de répertorier la presse périodique qui, depuis deux siècles au moins, s'est consacrée à l'instruction et à l'éducation des enfants, est ancienne. On peut en voir les premières manifestations dans les tentatives, d'ailleurs partielles, de Beurier 1 en 1889, et de d'Alméras en 1900 2, ainsi que dans le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire de Buisson 3 qui contenait de nombreux articles relatifs à la presse pédagogique.

Encore s'agissait-il là d'entreprises dont la finalité était essentiellement d'ordre pédagogique et bibliographique. Le premier à avoir suggéré l'intérêt que pouvait présenter, dans une perspective proprement historique, un répertoire de la presse pédagogique, est sans doute Abel Châtelain, dans le cadre d'un vaste projet d'enquête qu'il proposa en 1953 4. Cette idée ne fut pas reprise en France, faute, peut-être, qu'aient existé les moyens nécessaires pour mener â bien une aussi vaste entreprise. Mais d'autres pays travaillèrent dans ce sens. Ainsi, depuis 1973, M. De Vroede publie un répertoire des revues pédagogiques belges (françaises et flamandes) aux XIXe et XXe siècles 5 ; en Hollande une entreprise de recension similaire est en cours.

Lorsqu'en 1977, le Service d'histoire de l'éducation fut implanté dans l'Institut national de recherche pédagogique, avec pour mission de promouvoir la recherche en histoire de l'éducation, il considéra donc que l'élaboration d'un répertoire de revues pédagogiques devait constituer l'un de ses objectifs prioritaires.

De la fin du XVIIIe siècle à 1940, la presse pédagogique représente en effet une masse foisonnante 6, complexe, d'un intérêt considérable pour l'historien – et pas seulement, loin de là, pour le spécialiste de l'histoire de la pédagogie. Stricto sensu, cette dernière ne constitue en effet qu'une partie du contenu de cette presse dont l'appellation de « pédagogique » est consacrée par l'usage, mais à laquelle nous avons préféré substituer celle de « presse d'éducation et d'enseignement ». Que recouvre en effet ce terme ?

La presse d'enseignement

Il désigne, d'abord, l'ensemble des revues qui, destinées aux enseignants, visent principalement à guider la pratique quotidienne de leur métier, en leur offrant des informations sur le contenu et l'esprit des programmes officiels, la conduite de la classe et la didactique des disciplines. Cette presse constitue un maillon indispensable dans la connaissance de ce qu'a été, pendant près de deux siècles, le système d'enseignement, car elle représente à la fois l'espace où se déploient et le point où se focalisent tout un ensemble de théories et de pratiques éducatives d'origine tant officielle que privée. Entre la norme imposée par les Pouvoirs centraux – Ministère dans le cas de l'enseignement public, Ministère et Église dans celui de l'enseignement privé – et la pratique quotidienne au niveau de la classe, la lecture de la presse pédagogique permet de discerner ce qui passait ou ne passait pas du centre vers la périphérie (ou du haut vers le bas), révélant ainsi les réticences ou les blocages qu'opposait l'institution scolaire aux directives qu'elle recevait. Inversement, cette presse révèle la force d'innovation et de proposition qu'a pu receler le système : à côté de la presse de l'État et de l'Église, la majorité des revues pédagogiques sont l'émanation des enseignants eux-mêmes, qui affirment par là que leur rôle dans l'application des politiques scolaires n'est pas celui de simples exécutants.

Ces enseignants interviennent d'abord en tant que spécialistes d'un niveau (écoles maternelles, classes de fin d'études, classes préparatoires...) ou d'une discipline (chacune d'elles a sa ou ses associations, sa ou ses revues). En tant que telle, cette presse joue, dans le système, un rôle inextricablement conservateur et progressiste. Progressiste parce que la défense et illustration d'une discipline ou d'un niveau ne va pas sans le souci d'en enrichir le contenu, d'en développer les potentialités. Conservateur parce que cette défense peut s'accompagner aussi d'une crispation sur des positions acquises, d'un refus des remises en cause que suggérerait l'évolution du système social, économique et technologique global – dont on pourra d'ailleurs mieux voir, au travers de leur presse, comment elle était perçue par les enseignants.

Les revues de spécialités comptent, en tous cas, parmi celles qui offrent le plus d'intérêt pour la compréhension de l'histoire de l'enseignement français : leur lecture attentive permettra, par exemple, de faire un bilan critique de l'adhésion des enseignants aux valeurs proposées par l'État, tout comme, en sens inverse, du degré de conformité des textes officiels aux aspirations et à l'idéologie propres au corps enseignant. La thèse, récemment avancée, d'un « État enseignant » autonormé 7 est de celles qui méritent d'être réexaminées dans cette perspective.

Ce consensus, dont il faudra déterminer s'il est bien ce qu'on a dit, n'exclut pas, en son cœur ou sur ses marges, le désir de réforme, voire de révolution. Les revues de pédagogie militante abondent, où sont proposées les innovations les plus diverses : l'adoption de telle méthode d'enseignement de l'orthographe, du dessin ou de la gymnastique ; la promotion du breton, de la sténographie, des études locales ou de l'audiovisuel ; la défense prosélytique de Robin, Montessori ou Freinet : autant de combats qui ont galvanisé des énergies, même si le système éducatif s'y est souvent montré, en définitive, indifférent ou hostile. Conservatoire plus que cimetière des innovations pédagogiques, cette presse militante garde l'actualité de l'utopie : de l'utopie sage – la réforme de l'ortografe – comme de l'utopie folle – la justice sociale au terme d'une pratique pédagogique différente.

Spécialistes jusqu'à la militance, les enseignants appartiennent aussi à un corps, dont ils ont ardemment, pour la plupart, souhaité l'organisation et le contrôle par l'État : aspiration particulièrement nette chez les instituteurs dès le milieu du XIXe siècle, et à laquelle J. Ferry viendra donner satisfaction par le vote de ses grandes lois scolaires. Cet attachement global à leur corps n'exclut pas, pour les enseignants, des particularismes d'origine et de nature diverses, qui s'expriment dans une vie associative particulièrement riche, depuis les dernières années du XIXe siècle, et se concrétisent presque toujours par la publication de bulletins : bulletins d'anciens élèves d'écoles normales primaires ou supérieures, d'amicales, de syndicats (avec toutes les ambiguïtés et toutes les transitions qui existent entre ces deux derniers termes au tournant du siècle), d'associations de spécialistes (par niveaux, par disciplines), ou, enfin, de citoyens idéologiquement ou – plus rarement – politiquement engagés.

Le contenu de cette presse n'est que rarement pertinent au dessein qui était le nôtre ici. À un pôle, elle se cantonne dans l'information et la défense strictement corporatives ; à l'autre, elle veut transmettre aux enseignants une idéologie globale, où les problèmes spécifiques de l'enseignement n'occupent qu'une place secondaire. Parmi toutes ces revues, on ne trouvera donc ici que celles qui accordent un minimum d'attention aux problèmes du contenu, des méthodes et des finalités de l'enseignement 8.

En revanche, loin du repliement corporatif, nombre d'enseignants ont cherché à élargir au delà des frontières le champ de leur réflexion, voire de leur action. On trouvera trace de cet internationalisme pédagogique dans la place que beaucoup de revues consacrent, dès le début du XIXe siècle, aux informations sur l'enseignement à l'étranger, ainsi que dans la constitution, un peu plus tardive, d'associations et d'organismes se voulant des lieux de rencontres et d'échanges entre ceux qui se refusaient à construire la pédagogie dans un seul pays.

La presse d'éducation familiale

Il n'est pas d'instruction, et encore moins d'éducation, que scolaire. Le milieu éducatif par excellence est, originellement, la famille, et la part respective que doivent prendre famille et école dans l'éducation de l'enfant a fait l'objet, depuis le XVIIIe siècle au moins, d'un débat qui n'est pas près de s'achever. On ne saurait donc, sauf à mutiler le phénomène éducatif, séparer la presse qui traite d'éducation et d'instruction familiale de celle qui traite de l'enseignement scolaire : qu'elles se fassent concurrence, qu'elles se prolongent l'une l'autre ou qu'elles se complètent, ces revues ont la même raison d'être qui est, en dernière analyse, d'acculturer et de socialiser l'enfance et la jeunesse.

Pour atteindre cet objectif, certaines d'entre elles s'adressent directement aux enfants : il s'agit de ce vaste secteur de la presse pour les jeunes qui, selon les cas, prolonge l'école dans la famille, ou se substitue à elle, tout au moins au XIXe siècle. Peu de revues pour enfants osent, en effet, à cette époque, se présenter comme purement divertissantes. Il s'agit au moins d'éduquer, et parfois d'instruire. Le fond commun de cette presse est constitué d'histoires à finalité éminemment moralisante, destinées à imprégner le petit garçon ou la petite fille – chacun à sa manière, qui est fort différente – des valeurs sociales et des vertus privées qui sont, en gros, celles de la bourgeoisie, parfois de l'aristocratie : le prix relativement élevé de cette presse pour enfants, jusqu'aux révolutions techniques de la fin du siècle, la met généralement hors de portée des classes populaires, qui, d'ailleurs, ne seraient pas toujours capables de la lire. Lorsque celles-ci y accèdent, elle change de style et le contenu instructif et éducatif s'estompe, au profit du pur divertissement, qui trouvera l'un de ses aboutissements dans la bande dessinée. Si nous avons retenu dans le présent répertoire beaucoup de revues pour enfants du XIXe siècle, nous avons donc considéré, en revanche, que la plupart de celles du XXe siècle appartenaient en fait à un genre nouveau, en relative discontinuité avec son équivalent du siècle précédent 9.

D'autres revues s'adressent aux parents, et tout particulièrement à celui d'entre eux dont la nature et la société semblent s'accorder pour faire l'éducateur par excellence : la mère, ou celle qui le deviendra : la jeune fille. Puisque « la main qui remue le berceau meut le monde » (proverbe espagnol), la femme se trouve être le destinataire d'innombrables revues qui prétendent la former aux vertus de l'économie domestique, de la médecine familiale ou de l'hygiène, tout en lui désignant les valeurs qu'elle aura la charge de transmettre à ses enfants : la mère est, par nature, éducatrice et institutrice.

Mais, là encore, une évolution se dessine avec le tournant du siècle : la presse d'éducation familiale, sans vraiment disparaître, tend à se dédoubler : une partie des revues qui la composent se rapproche de cette presse « féminine » qui, pour sa part, s'était depuis longtemps consacrée, de façon presque exclusive, à la mode, à la décoration ou à la littérature de pur divertissement 10, tandis qu'une autre partie se spécialise dans l'apprentissage de l'hygiène et de l'économie domestique ou ménagère, en tenant un discours qui, de plus en plus, se pare – ou se masque – des arguments de la technique et de la science.

L'école, la famille : la presse périodique qui se rattache à ces piliers traditionnels de l'éducation représente la majorité des revues que l'on trouvera recensées dans le présent répertoire. Les autres se situent dans une zone où, d'une part, famille et école se prolongent en proliférations multiformes, et où, d'autre part, des institutions diverses tentent de couvrir le champ laissé libre par les deux premières. Dans cette zone interstitielle, la notion de revue d'éducation tend à se brouiller et il convient donc d'expliciter les choix que nous y avons faits.

Par delà l'école et la famille

La première échappée hors du domaine de l'éducation familiale et scolaire se situe vers le monde des adultes et de la vie professionnelle.

Sémantiquement, les mots d'éducation et de pédagogie ne peuvent d'ailleurs guère concerner que la période qui va de la naissance à la fin de l'adolescence, et qui est celle de l'acquisition des habitudes intellectuelles, culturelles et sociales fondamentales. Par ailleurs, la part de la pédagogie tendant à décroître avec l'âge au profit de la pure transmission des connaissances, les périodiques traitant de l'enseignement des étudiants ou des adultes revêtent le plus souvent la forme de revues scientifiques ou techniques, dans lesquelles disparaît tout discours sur les modalités et les finalités de la transmission de ces connaissances, ce en quoi consiste proprement le discours éducatif.

On est donc fondé d'avoir exclu d'un corpus comme le nôtre la majorité des revues destinées aux étudiants et aux enseignants du supérieur, ainsi que celles qui traitent de la formation professionnelle des adultes. On trouvera ici, en revanche, celles qui se consacrent, au moins en partie, à une réflexion sur le contenu, les structures et les missions de l'enseignement supérieur. De même, on trouvera recensées nombre de revues se consacrant à l'enseignement populaire, dans la mesure où cet enseignement est consubstantiel à tout un discours sur les fins morales, sociales et politiques qu'il poursuit. Tel est le cas, notamment, des revues où s'est exprimée la grande mystique des Universités populaires, au début de ce siècle.

D'ailleurs, à certains égards, l'enseignement des adultes ne présente pas de solution de continuité avec celui des enfants ou des adolescents. Quant au personnel enseignant, d'abord : tout un pan de l'éducation des adultes, dans les campagnes, a été assuré par des instituteurs, d'autres formes de cet enseignement ayant fait appel aux professeurs du second degré et du supérieur. Quant aux méthodes d'enseignement, ensuite : par exemple, c'est l'enseignement des adultes qui, le premier, a fait assez largement appel aux méthodes audiovisuelles, et notamment aux projections lumineuses, dont l'enseignement des enfants ne fera, pour sa part, qu'un usage parcimonieux et relativement tardif. Plus fondamentalement encore, on peut dire qu'au fur et à mesure qu'ont fait leur chemin les idées de formation continue et de formation permanente a pu apparaitre la nécessité de lier pédagogie et andragogie comme deux moments indissociables d'un même processus. C'est de cette unité que l'on trouvera trace dans notre répertoire.

Il est une deuxième zone où l'école et la famille hésitent à s'aventurer : celle de la formation idéologique et politique des jeunes. Bien entendu, cette hésitation n'est que relative : la presse d'éducation enfantine et familiale a un contenu politique, au moins à l'état de traces. Quant à l'école – publique, privée ou confessionnelle – elle transmet, d'une façon d'ailleurs complexe et variable suivant les époques, un minimum de valeurs que l'on peut qualifier de « politiques ». Mais ceci laisse toute leur place à des entreprises, d'origines diverses, qui ont pour point commun de vouloir transmettre ces valeurs à la jeunesse d'une façon beaucoup plus délibérée et systématique que ne peuvent ou ne veulent le faire la famille et l'école.

Ce sont, par exemple, du côté laïc et républicain, toutes les entreprises tendant à promouvoir les œuvres péri et post scolaires : conférences, bibliothèques, excursions, voyages ou colonies de vacances. Du côté clérical, c'est le développement des patronages, des écoles du dimanche, des œuvres confessionnelles, catholiques ou, dans une moindre mesure, protestantes. Ce sont les mouvements de jeunesse de toutes tendances qui se sont multipliés depuis le début du siècle : Scouts, Éclaireurs, Faucons rouges. Ce sont, enfin, les associations de jeunes, scolarisés ou non : JEC, Équipes sociales, Jeunesses socialistes ou communistes. Toutes ces entreprises ont, consciemment ou non, tendu à occuper le dernier terrain par où la jeunesse pouvait échapper à l'emprise de l'école et de la famille : celui des jeux, des loisirs et des vacances.

 

Pour une histoire de la presse pédagogique

 

Le répertoire que nous entreprenons de publier permettra d'atteindre, espérons-nous, un double objectif.

D'abord, il constituera un instrument de travail pour tous les historiens qui s'intéressent au système d'éducation et d'enseignement français. Historiens de la pédagogie et de l'éducation au premier chef, mais aussi tous ceux qui étudient des domaines ou des institutions ayant entretenu des rapports divers avec les problèmes de l'éducation, de l'enseignement ou de la formation professionnelle : historiens de la famille, de l'Église, de l'industrie, de l'agriculture, de l'armée, du syndicalisme ou de la politique trouveront ici de quoi enrichir leur information et leur réflexion.

En second lieu, nous souhaitons que ce répertoire contribue à orienter une réflexion plus spécifique sur la nature et l'évolution du phénomène éducatif dans la plus large acception du terme. L'étude sérielle des quelques milliers de revues qui seront ici analysées permettra notamment de répondre à un certain nombre de questions dont nous nous bornerons ici à esquisser l'énoncé, par exemple :

– Peut on définir une conjoncture dans la création des différents types de revues pédagogiques ? Cette conjoncture s'explique-t-elle par des phénomènes d'ordre proprement éducatif (passage au ministère de personnalités réformatrices comme Guizot, Duruy, Ferry ou Zay), d'ordre social (évolution du nombre et de la composition des effectifs d'enseignés et d'enseignants), ou d'ordre politique (périodes autoritaires ou libérales, périodes de conflits intenses), sans préjuger, bien sûr, des raisons qui tiennent à l'évolution à long terme du système global ?

– Comment a évolué, avec le temps, la part des différentes institutions éditrices ou inspiratrices des revues : l'État, avec les différents ministères dans la mouvance desquels ont figuré l'éducation et l'enseignement (instruction publique mais aussi Commerce, Agriculture, Justice, Hygiène et Santé publique, etc.) et les différents échelons d'où il a impulsé son action (échelon central, mais aussi académique, départemental ou colonial) ; les Églises avec leurs nombreuses revues d'envergure tant locale que nationale, voire internationale ; les associations privées à tendance philanthropique, qui ont souvent ouvert la voie à l'intervention de l'État dans des domaines périphériques par rapport au système scolaire commun (telle l'éducation des enfants abandonnés, orphelins, arriérés ou handicapés) ou qui ont tenté de pénétrer dans l'espace familial pour mener, auprès des mères, cette action éminemment éducative qu'est l'apprentissage de l'hygiène ou de la propreté ; les éditeurs, qui ont cherché à produire ce qu'une clientèle de plus en plus exigeante – demande sociale qu'il faudrait situer, cerner, chiffrer – était susceptible d'acheter en matière de revues pour enseignants, de journaux pour enfants ou de presse féminine ; en un mot, les groupes de pression économiques, sociaux, idéologiques, culturels et politiques les plus divers, dont il conviendrait, pour chacun d'eux, d'estimer le poids relatif et les interventions spécifiques qu'ils ont eues à chaque étape du développement du système éducatif.

– Il faudrait, enfin, cerner avec précision l'identité de ceux qui écrivaient dans cette presse hommes et femmes de lettres, médecins, hommes politiques, ecclésiastiques, hygiénistes, membres des professions les plus diverses, et surtout, bien sûr, enseignants. Parmi ces derniers, il conviendrait de distinguer les notables à la stature quasi officielle, dont les archétypes sont Ferdinand Buisson ou Ernest Lavisse, qui collaboraient à d'innombrables revues; les instituteurs de province, qui écrivaient avec la caution ou sous le patronage de leur inspecteur d'académie; ou encore les francs-tireurs, ou opposants divers éditant, d'une façon parfois éphémère, des bulletins militants. Pour tous, enseignants et non enseignants, il faudrait expliquer l'intérêt, voire l'attachement, qu'ils ont porté à la cause de l'éducation et de l'instruction.

Les questions que pose cette presse pédagogique, comme celles que nous lui posons, sont donc bien au cœur de la problématique historienne puisque, par delà une histoire des idées un peu abstraite, elles mettent en jeu la dialectique du social et du mental, de l'individuel et du collectif, de la permanence et du changement. En publiant ce répertoire, nous espérons avoir, si modestement que ce soit, encore étendu le territoire de l'historien.

 

Pierre CASPARD

Chef du Service d'histoire de l'éducation

 

Notes : 1 A. Beurier : Les périodiques scolaires français de 1789 à 1889, Paris, 1889.

2 H. d'Alméras : Notes sur l'histoire de la presse de l'enseignement, Evreux, 1900.

3 F. Buisson : Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire, Paris, 1887.

4 A. Châtelain, A. Delcourt : « Pour une histoire sociale et une géographie sociologique de l'Éducation nationale », Bulletin de la Société d'études historiques, géographiques et scientifiques de la région parisienne, janv. 1953, pp. 32-36.

5 M. De Vroede : Bijdragen tot de geschiedenis van het pedagogisch leven in België in de 19de en 20ste eeuw : De periodieken [Contribution à l'histoire de la vie pédagogique en Belgique aux XIXe et XXe siècles : les périodiques]. Gent, Rijksuniversiteit ; Leuven, Katholieke Universiteit, 3 t. en 4 vol. I : 1817-1878, 1973, 658 p. ; 2 : 1878-1895, 1974, 764 p. ; 3 : 1896-1914, 1976, 1008 p. ; 4 : 1896-1914, 1978, 1126 p.

6 De la fin du XVIIIe siècle à 1940, le nombre total des revues d'éducation et d'enseignement, telles qu'elles seront ci-après définies, peut être estimé à près de dix mille. Deux à trois mille d'entre elles seront analysées dans ce répertoire, les autres demeurant dans les fichiers que constitue le SHE.

7 P. Gruson : L'État enseignant, Paris, Mouton, 1978.

8 Les autres – et notamment les périodiques syndicaux – font l'objet d'un classement et d'un traitement spécifiques.

9 Cf. A. Fourment : La Presse des jeunes de 1768 à 1977. Thèse des Sciences de l'information, Paris II, 1978, 756 p. multigr.

10 E. Sullerot : Histoire de la presse féminine en France, des origines à 1848, Paris, 1966.