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Géorgie

Le royaume de Géorgie, la Colchide ou l'Ibérie des anciens, occupe tout le versant sud-ouest de la haute chaîne du Caucase. Son territoire, arrosé par le Phase (aujourd'hui Rion), affluent de la mer Noire, et par le Cyrus (aujourd'hui Koura), affluent de la Caspienne, a une superficie de 46 486 milles anglais carrés. La population est de 2 537 000 habitants, dont 329 000 appartiennent à d'autres nationalités (Russes, Grecs, Arméniens, Turcs, Persans, Juifs et Tartares). Capitale : Tiffis. Le peuple géorgien appartient, par son type anthropologique, à la race blanche ou caucasienne ; mais sa langue n'est pas une langue indo-européenne, elle est apparentée à la langue sumérienne des plus anciennes inscriptions cunéiformes. Le christianisme devint la religion nationale au quatrième siècle, sous le roi Miriam ; les monastères furent des centres d'instruction ; on traduisit les auteurs grecs en langue géorgienne (dixième siècle) ; la jeunesse était envoyée à Constantinople pour y compléter son éducation. C'est aux onzième et douzième siècles que l'art, surtout l'architecture et les belles-lettres, atteignirent en Georgie leur plus haut degré de développement, du règne de David le Restaurateur à celui de Tamara la Grande. Au treizième siècle, avec la première invasion mongole, commença la période des luttes pour la défense de l'indépendance nationale contre les Mongols, les Persans, les Arabes et les Turcs ; pendant plus de cinq siècles, la petite nation chrétienne se défendit vaillamment contre le monde musulman qui l'entourait ; ses villes, Tiflis, Koutaïs, furent quatre et sept fois détruites. La vie intellectuelle et le développement économique furent longtemps paralysés. C'est seulement vers la fin du dix-septième siècle que les relations avec l'Europe se rétablirent ; une grammaire géorgienne et un dictionnaire italo-géorgien furent publiés à Rome au dix-septième siècle ; la traduction des auteurs grecs, latins et arabes recommença, Au commencement du dix-huitième siècle, la première imprimerie fut établie à Tiflis ; des écoles primaires et secondaires furent créées. Ce fut, à cette époque, l'influence française qui se fit surtout sentir ; on lisait Voltaire jusque dans le palais du roi Héraclius, on traduisait Montesquieu, La Fontaine, Racine. Le dernier roi, Georges XIII, céda, en mourant, ses Etats au tsar de Russie Paul (1799) ; mais, par cet acte, l'autonomie nationale était garantie. En 1801, la Géorgie fut déclarée province russe, et une politique de russification fut suivie par le gouvernement moscovite. Néanmoins, la renaissance intellectuelle se continua au cours du dix-neuvième siècle. La statistique officielle russe des publications faites dans les différentes langues de l’empire des tsars montre que la langue géorgienne occupe le quatrième rang (après le russe, le polonais et l'allemand). Il existe aujourd'hui, à côté des gymnases et des écoles russes appartenant au gouvernement, deux gymnases (avec 450 élèves) purement géorgiens, entretenus par la noblesse. Il y a des écoles primaires dans tous les villages. Quoique le gouvernement impose l'instruction en langue russe, l'enseignement primaire national poursuit son oeuvre. L'alphabet géorgien, avec ses trente cinq lettres, est complètement phonétique ; dès que l'enfant l'a appris, il écrit déjà presque sans fautes. La Société nationale d'instruction primaire entretient dans les villages 36 écoles avec des bibliothèques. Depuis une quinzaine d'années, dans beaucoup de villages, les paysans ont organisé de petites bibliothèques, dont douze ont été brûlées par les Cosaques et l'armée russe dans la province de Gourie en janvier 1906.

Warlaam Tcherkésoff