Les réflexions épistémologiques qui ont accompagné le développement des sciences de l’éducation en France ont eu pour thèmes récurrents les rapports que les chercheurs de cette discipline entretiennent avec les disciplines dites fondamentales (sociologie, histoire,…) ou les rapports qu’ils entretiennent avec leurs objets de recherche (production de connaissances et/ou d’énoncés prescriptifs sur les pratiques éducatives). Mais les débats épistémologiques sur les sciences de l’éducation pourraient bien s’organiser aujourd’hui autour des questions liées aux pratiques de valorisation de la recherche.
En effet, si la mise en valeur d’un résultat ou de travaux est au cœur même de l’activité scientifique (notamment à travers les publications), c’est à partir des années 1990 que la valorisation de la recherche est devenue un enjeu majeur pour les acteurs de la recherche française, dans le cadre d’un mouvement international de développement de l’économie du savoir et de l’innovation.
À partir des premiers résultats d’une enquête menée auprès d’enseignants-chercheurs français de sciences de l’éducation, notre contribution se propose donc d’observer quelles sont les pratiques de valorisation mises en œuvre par ces chercheurs, et d’analyser leur point de vue épistémologique sur ces pratiques. Mais au-delà d’un état des lieux, notre recherche veut s’interroger sur les effets possibles de ces pratiques sur la recherche en éducation, dans un contexte socio-politique qui encourage la valorisation notamment économique des recherches (à travers la consultance et les recherches contractuelles en sciences humaines et sociales).