L’établissement, en France, de la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans et la création du collège unique par la réforme Haby ont posé la nécessité d’une continuité éducative entre l’école et le collège. Cette volonté, relayée dans les textes officiels, est déclinée, de fait, dans les différents plans de formation académiques. Cependant, la récurrence des injonctions institutionnelles semble témoigner de l’immobilisme des acteurs concernés. Les initiatives avortent le plus souvent dans la durée. Les échecs et les réussites sont peu ou pas évalués.
Observer les obstacles à la liaison école/collège, puis envisager les leviers possibles à la dynamisation et la pérennité d’une continuité éducative entre les deux degrés, suppose d’abord la prise en compte de l’histoire de la construction de l’école, du collège et de la formation de leur personnel, puis l’analyse des écrits institutionnels et hiérarchiques qui lui sont relatifs.
Deux corpus constituent le matériel empirique de la recherche conduite dans une circonscription de l’Éducation nationale marnaise. Ils sont soumis à des analyses de contenu classiques ou à une analyse de l’objet graphique et écrit. Le premier corpus est nourri des écrits de terrain : projets rectoraux, académiques, plans de formation et actions mises en œuvre dans des ZEP/REP. Il traduit la forte prégnance des statuts sociaux sur les engagements personnels et l’impossibilité de concilier méthodologie du projet et efficacité/rendement. Le second, composé de retranscriptions de réunions et d’entretiens individuels sur les deux degrés, met en exergue le figement des représentations sociales enseignantes et le poids d’une hiérarchie qui constitue plus un frein qu’une force d’accompagnement et d’impulsion dans l’innovation.