Contribution recherchée

Atelier n� 11 : Violences, conflits et discriminations ; l’éducation à la citoyenneté est-elle une des réponses ?

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Titre Une approche critique et délibérative de la formation civique respecte-t-elle le principe de la nécessaire neutralité de l’école ?
Auteur(s) LEFRANÇOIS David

Texte
En prenant connaissance des programmes scolaires « histoire et éducation à la citoyenneté » (au Québec) et « éducation civique, juridique et sociale » (en France), nous pouvons aisément constater qu’ils promeuvent tous deux une approche éducative qui, s’inspirant globalement de l’idée et de la pratique de la démocratie délibérative à l’école, doit concrètement se traduire à travers l’utilisation de méthodes et d’activités pédagogiques liant de façon nécessaire et réciproque la formation des jeunes à la citoyenneté et le développement de leur capacité d’argumentation.
D’abord, nous définirons les objectifs généraux qu’il s’agit de cibler, lors de l’implantation, à l’intérieur de nos systèmes scolaires, de programmes d’éducation à la citoyenneté axés sur la délibération, l’autonomie et la réflexion critique. Nous introduirons également le problème suivant : la possibilité de certains parents de contester la légitimité de promouvoir, à l’école, de tels objectifs. Plus précisément, le contexte du pluralisme - où certains parents veulent transmettre des héritages culturels et religieux particuliers à leurs enfants, ce qui est souvent basé sur des arguments d’autorité parentale - est-il compatible avec l’idée que l’école doit équiper tous les enfants d’habiletés critiques et réflexives nécessaires pour délibérer à propos de différents modes de vie ? Nous répondrons par l’affirmative, mais poserons quelques restrictions de principe face aux positions éducatives parentales impliquant le confinement de l’enfant à l’intérieur d’une vision trop limitative de la vie bonne. Opter pour une approche de l’éducation à la citoyenneté qui se veut critique et délibérative suppose que dans certains cas, le droit des enfants à l’éducation pleinement adéquate peut s’étendre jusqu’à imposer des limites à l’autorité parentale. Nous verrons que cette position peut être accusée de manquer de neutralité et d’imposer non seulement aux parents, mais aussi aux jeunes un modèle particulier de citoyenneté, voire de les endoctriner. Une orientation délibérative de l’éducation à la citoyenneté est-elle idéologiquement biaisée ? Cela nuit-il à sa justification ? Nous surmonterons ce problème de la neutralité en montrant que favoriser et choisir une approche délibérative, dans le domaine de l’éducation à la citoyenneté, ne signifie pas pour autant nier le caractère essentiel d’enseigner la pluralité des conceptions de la citoyenneté, ce qui permet d’éviter le dogmatisme ou la propagande, au cours de la formation civique.