Cette recherche a pour finalité d’éclairer les professionnels sur un outil essentiel de développement de leur professionnalité, à savoir l’analyse de leurs propres activités. On constate souvent un décalage entre le discours que les enseignants et les formateurs tiennent sur leurs pratiques et leurs valeurs, et la réalité de leurs activités. Nous avons porté notre regard sur l’analyse des interactions discursives de ces professionnels sur leurs propres pratiques dans une perspective sémiolinguistique et située, c’est-à-dire inscrite dans une temporalité et une contextualité qui déterminent les phénomènes en jeu ; dimension institutionnelle, hiérarchique (rapport de forces et de pouvoir), identitaire (dynamiques et transformations), pédagogique (rapport au savoir), et cognitive (construction de connaissances).
Notre méthode d’investigation n’est pas purement linguistique. Nous avons choisi de croiser l’analyse de ces corpus avec d’autres horizons disciplinaires des sciences humaines et sociales (psychologie cognitive, psychologie sociale, sociologie, anthropologie). Nos résultats en cours ont déjà mis en évidence, d’une part les phénomènes de reprise du discours correspondant aux modèles prégnants diffusés par les IUFM et les recherches en sciences de l’éducation, d’autre part les phénomènes de reconstruction de sens pour les sujets engagés dans cette analyse. Cette question soulève un enjeu fort dans les démarches de professionnalisation. Les conditions de mise en mot du soi et de sa pratique, inhérentes aux dispositifs d’analyse de l’activité professionnelle, n’ont jusqu’à présent pas fait l’objet de recherches rigoureuses alors qu’elles suscitent de plus en plus d'intérêt à l’heure actuelle.