Le corpus de cette étude est constitué par les fiches remplies par les stagiaires au cours des deux précédentes années scolaires au sujet d’incidents éventuels survenus au cours de leurs stages (à la suite ou non d’une visite du formateur). Des situations sélectionnées ont été jouées à l’IUFM en appliquant la technique du théâtre de l’opprimé qui a permis d’explorer les stratégies à mettre en œuvre en cas de conflits. Parmi celles-ci l’utilisation de l’humour a fait l’objet d’une analyse particulière.
Nous utilisons la distinction bergsonienne de l’humour et de l’ironie, le premier feignant de considérer que ce qui est devrait être, le second que ce qui devrait être est. Ainsi que l’opposition empruntée à Deleuze concernant l’attitude par rapport à la loi : soumission zélée et « masochiste » dans un cas, transgression manifeste et « sadique » dans l’autre. Ces concepts permettent de construire des typologies d’élèves et de réactions à l’agression ainsi que de s’interroger sur leur degré d’efficacité en fonction de caractéristiques données du contexte institutionnel et personnel.
L’étude de différents cas choisis en fonction de leur caractère représentatif permet de comparer la stratégie effectivement réalisée au cours du stage et d’autres stratégies qui auraient été également possibles. Elle aboutit à montrer l’inefficacité de l’ironie en tant qu’elle provoque l’élève ou le parent agresseur qui se sent alors atteint dans sa dignité et obligé à la riposte, voire à la surenchère. Dans certains cas elle montre que l’humour, comme stratégie, peut aider sinon à dénouer des conflits, tout au moins à vivre avec eux, à les contourner.