Cette contribution présente les résultats d’une recherche menée pour une thèse de doctorat en sciences de l’éducation (novembre 2005). Elle précise l’intérêt du sujet et les résultats mettant en lumière les processus qui autorisent les jeunes à « prendre place ».
Mon intérêt s’est porté sur les interactions qui naissent entre les jeunes s’inscrivant dans une pratique juvénile, le rap, et les institutions locales qui ont en charge la jeunesse. Pour les mettre en évidence j’ai étudié les processus dans des situations concrètes. Partant d’un positionnement socio-ethnographique construit jour après jour à partir des observations faites dans un terrain déterminé composé d’espaces, de lieux et de personnes, cette recherche met en évidence des concepts clés sur la place que donne l’institution à la jeunesse pratiquant le rap et la place qu’elle prend réellement. Un processus de socialisation réciproque se construit à partir des interactions développant des jeux de mise en scène avec des apparitions et des disparitions stratégiques de la jeunesse. Comment les jeunes accèdent-ils à une visibilité par l’intermédiaire d’une pratique juvénile ? Comment se servent-ils de l’institution pour reprendre la parole grâce au rap ? Comment le rap devient-il un agent de socialisation développant une entrée dans des savoirs et des savoir-faire permettant aux jeunes de prendre place comme acteurs de la société ? En explorant une ville de la banlieue Nord de Paris, ses particularités historiques et sociales et ses orientations politiques, on tente de comprendre comment se construit une politique de la jeunesse au sein d’une institution locale, repoussant l’idée d’une politique de contention faite par les adultes pour encadrer les jeunes, et mettant en lumière une véritable construction partenariale entre les jeunes et l’institution, au niveau du local, autorisant la jeunesse à « prendre place ».