Les réformes des curriculums scolaires reconnaissent la place fondamentale du langage dans la construction des connaissances par les élèves. Dans les pays francophones, les autorités scolaires reconnaissant l’importance du langage dans la construction des savoirs et considèrent que développer les compétences langagières est la responsabilité de tous les intervenants scolaires. Cependant, les données sur l’actuelle prise en charge de cette dimension de l’apprentissage dans les disciplines autres que le français font défaut. Afin de documenter cette question, nous avons entrepris une recherche descriptive sur les pratiques de lecture et d’écriture dans les cours d’histoire et de sciences du secondaire au Québec (élèves de 12 à 17 ans).
S’inscrivant dans la mouvance de l’interactionisme sociodiscursif (Bronckart et al., 1985 ; J.-P. Bronckart, 1996), nous avons identifié trois thèmes de recherche : le rapport à l’écrit, la fonction épistémique de l’écrit et le genre textuel disciplinaire. Nous définissons le rapport à l’écrit comme l’ensemble des significations construites par un sujet à propos de l’écrit. Pour rendre opérationnel ce concept, nous distinguons quatre dimensions ; la dimension psychoaffective, axiologique, cognitive et praxéologique. C’est autour de ces dimensions que nous avons élaboré et distribué un questionnaire à 1150 élèves. Les résultats obtenus montrent que les pratiques de lecture et d’écriture des adolescents sont tournées, pour l’essentiel, vers les supports informatiques (Internet, messagerie instantanée, courriel), et que celles menées dans les cours de sciences et d’histoire servent surtout à restituer des savoirs, à retenir ce qu’il faut connaître et faire, et ce au détriment de sa fonction épistémique. Considérant cela, nous pensons qu’il est précieux de réfléchir sur les visées poursuivies par les pratiques de lecture et d’écriture que nous menons auprès des adolescents dans les classes.