Contribution recherchée

Atelier n� 3 : Approches épistémologiques : interdisciplinarité, distanciation, cognition

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Titre Sciences de l’éducation : enjeux épistémologiques d’un dépassement
Auteur(s) CHATELLIER Marc

Texte
Qu’en est-il aujourd’hui de la hiérarchie dans les sciences sociales en France et des conséquences de la classification mise en place à la fin du XIXe siècle par le mathématicien et philosophe français Auguste Comte ? Comment les sciences de l’éducation, discipline jeune puisque tout juste trentenaire, ont-elles trouvé leur place dans cet ordre et quelles réticences ont-elles fait émerger du point de vue épistémologique, condamnées qu’elles sont d’emprunter à plusieurs disciplines ? Posant la question de la validité des modèles qu’elles proposent, les sciences de l’éducation ont naturellement fait émerger la notion d’interdisciplinarité (1987-1992), puis celle plus récente de transdisciplinarité (2000-2005). Reprenant l’idée d’une dérive utilitariste des sciences, mais aussi celle d’une dialectique du processus de la connaissance qui rend exsangue l’opposition sujet/objet, nous examinerons la singularité du point de vue des sciences de l’éducation. Elles sont à la fois une pratique ancrée dans une réalité de terrain qui cherche à objectiver les faits qu’elle observe, mais aussi une tentative théorique de modélisations des dites observations en vue de produire des savoirs pensés comme « caisse à outil conceptuelle ». Dans ce mouvement circulaire et paradoxal qui l’anime la discipline doit alors tenir compte à la fois de la description objective des structures éducatives d’une époque donnée, de l’analyse de la « psycho-socio-genèse » des structures étudiées et enfin de la mise en relation des structures avec les sujets qui les composent.
Pour autant une question reste voilée. Celle de la posture, du chercheur, enchevêtrée à celle de son attitude dans sa discipline. La question est d’importance historique tout autant que géographique, tant il est vrai que les attitudes scientifiques paraissent marquées du sceau des contextes où elles sont nées. Rappelant que tout conflit des modèles de construction de la réalité se traduit par des conflits entre des institutions et des communautés et des sujets, nous plaiderons alors pour une posture subversive, réhabilitant le retour de la subjectivité, tout en maintenant une exigence de rigueur cherchant à inscrire le sujet-apprenant et son avenir au centre de la discipline. C’est dans cette posture d’une attitude scientifique que les chercheurs en sciences de l’éducation pourront dépasser les habituelles impasses de la discipline en voie d’atomisation, pour envisager les réformes de la pensée nécessaires à la formation autant des enseignants que des élèves.