Contribution recherchée

Atelier n� 13 : Formations, pédagogies et didactiques : quelle histoire ?

Titre Naissance et avenir de l’éthique professionnelle des professeurs d’histoire, l’esprit critique
Auteur(s) RENAUDEAU Pierre-Marc

Texte
En rapprochant deux plaquettes pédagogiques, l’une de 1905 de la fédération des amicales d’instituteurs et institutrices publiques, et l’autre de 1872 de Monseigneur Dupanloup, nous mettrons en évidence la naissance de la notion d’esprit critique comme éthique professionnelle laïque, sa consubstantialité avec la méthode active et son opposition conceptuelle avec la notion d’élémentarité, avec la conception d’un enfant mineur et d’un maître prudent, comme l’envisagent les autorités religieuses.
La symétrie de l’opposition des méthodes pédagogiques entre les deux France est parfaite. Toutefois, l’éthique laïque n’a pas la cohérence de l’éthique chrétienne en matière d’enseignement de l’histoire. Elle est traversée par un certain nombre d’antinomies. Mais leur non-résolution permet de garder une dimension militante à cet esprit critique, de le reconduire en dénonçant toute quiétude pédagogique acquise par l’expérience ou par une méthodologie efficace. Cette inquiétude laïque rassemble tous les suffrages chez les enseignants d’histoire, dans la mesure où elle permet toutes les combinaisons professionnelles. Le laïcisme inquiet, en étant avant tout une idéologie de reconnaissance professionnelle, peut aussi bien se marier dans les faits avec un enseignement routinier ou un enseignement dit plus innovant. D’où le succès chez les enseignants d’histoire dans les années 60-70 de la critique du récit au nom de l’étude de document capable de réconcilier esprit scientifique critique et pédagogie active.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Si la dimension polémique anticatholique de l’esprit critique a disparu, si les antinomies pédagogiques ont été résolues, l’appel à l’esprit critique ne relève-t-il pas alors de la pure incantation ? Les débats actuels sur le devoir de mémoire, la notion de crime contre l’humanité, la colonisation, constituent d’amicales pressions produites par notre environnement démocratique à l’endroit de l’enseignement de l’histoire, mais ne produisent en rien des antinomies pédagogiques. Cette idée d’une irréductibilité entre histoire savante et histoire enseignée qui devrait subsister, est-elle encore nécessaire et si oui à quel prix ?