Nous proposons à la réflexion la description d’un dispositif de formation professionnelle destiné aux éducateurs de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).
Nous intervenons dans les modules de formation initiale et continue de ces personnels, chez qui la violence est « constitutive du métier » (dixit). Le dispositif proposé s’inspire de trois constats. Primo, le corps est le lieu privilégié d’expression et de réception de la violence. Secundo, la situation violente est un événement qui fait rupture dans l’histoire d’une institution, annoncé par des signes plus ou moins explicites. Tertio, l’angoisse et le fantasme sont des dimensions psychiques omniprésentes dans le vécu des protagonistes : situation violente et situation de formation.
De ces évidences, nous tirons la conclusion qu’une formation qui prétend donner les moyens de prévenir ou de gérer les violences ne peut se limiter à une information sur la question. C’est par un travail à partir du corps, en proposant des situations qui font surgir les émotions, des « montages d’angoisse » comme les nomme Jacques Pain, que les éducateurs peuvent amorcer une prise de distance, développer une réflexivité, acquérir une meilleure gestion de leurs situations professionnelles, affiner leur sensibilité aux indices. À la différence de dispositifs comme le psychodrame ou le jeu de rôles, la parole n’y est pas le support privilégié, car nous cherchons à toucher à l’archaïque dans la relation. Nous évoluons ainsi sur les registres du regard, de la distance et du contact. Nous nous appuyons sur la pratique experte d’arts martiaux japonais et l’analyse des textes qui s’y rapportent, sur certains exercices du théâtre de Boal et sur les travaux précurseurs du VIRFO. Quelques termes caractérisent et délimitent notre intervention : vigilance et disponibilité, sentir, moment juste et travail du fantasme.