Tout commencement (tout incipit) est un moment de confusion, d’indifférenciation où l’ordre ne peut pas émerger. La question-thème qui sous-tend notre recherche en contexte scolaire est « qu’est-ce qui se passe pour arriver d’un rassemblement d’enfants à un groupe-classe ? » L’analyse vise deux volets didactique et sociolinguistique.
La démarche repose sur des observations lors des stages pratiques dans l’enseignement français, sur les réponses des professeurs des écoles (30) aux interviews que nous leur avons données à compléter, et sur des savoirs d’expérience. Des enregistrements vidéo (10) des séances de français langue maternelle ont été réalisés dans les classes de l’enseignement primaire. Ce corpus a été analysé en fonction d’une grille d’analyse qui vise l’axe d’entrée dans la leçon, le scénario didactique de l’incipit, le rôle du professeur, la relation, les marqueurs verbaux, paraverbaux et non verbaux et l’aménagement de l’espace.
Enfin, les marqueurs verbaux (beaucoup d’échanges à une seule intervention et des actes directifs qui appartiennent presque exclusivement au professeur), les marqueurs paraverbaux (comme les variations de la voix, accompagnées des montées et des chutes de l’intensité articulatoire) et les marqueurs non verbaux (le positionnement du corps dans l’espace, l’aménagement des meubles, l’existence de l’estrade, la gesticulation intense) sont autant d’arguments pour voir une position de domination du professeur dans la relation éducative, caractéristique plutôt de l’enseignement traditionnel. Pourtant, certains efforts mis en œuvre dans certaines classes, comme par exemple l’entrée par l’axe du sens pour l’élève, un aménagement des meubles en U, la présence dominante des échanges à deux interventions, l’existence d’un moment de parole d’enfant (Quoi de neuf ?) laisse voir que l’enseignement peut faire évoluer le rapport professeur-élève(s) et aboutir à un type relationnel certainement plus performant car appuyé sur la communication.