L’un des soucis les plus fréquents chez les professionnels engagés dans la scolarisation des sourds est, dans le cadre de l’éducation d’inclusion, l’enseignement de la lecture et de l’écriture.
En considérant les spécificités linguistiques des sourds dans le processus d’appropriation de la lecture et, par conséquent, dans son développement académique, cette recherche a cherché à analyser ce que les instituteurs disent de la pratique pédagogique de la lecture dans les écoles. En prenant compte que, au Brésil, beaucoup de ces élèves auront encore un processus formel d’alphabétisation, sans la connaissance nécessaire de la langue orale et/ou gestuelle, j’ai mis en place un programme d’intervention pédagogique de production de la lecture chez un groupe d’enfants sourds. Appuyée sur des auteurs marxistes - Foucambert, Vygostsky et Bakhtin - qui conçoivent la lecture comme une pratique sociale et culturelle du langage, j’ai voulu valoriser dans ce programme la discursivité comme activité fondamentale dans la médiation entre le lecteur, l’auteur et le texte. Toutes les données prises dans les entretiens et dans les films ont été transcrites dans leur totalité et analysées à partir de l’approche microgénétique. Tout en reconnaissant que l’absence d’une langue commune entre les interlocuteurs pose des difficultés d’accès aux connaissances partagées, dans l’école ou en dehors d’elle, les participants de cette étude n’ont pas été indifférents aux contextes de production du langage dans lequel la lecture a eu lieu.
Les résultats ont montré qu’une conception du langage plus ouverte, c’est-à-dire celle de la théorie de l’énonciation, pourra contribuer à l’emploi de stratégies variées dans la constitution du signifié dans et par la lecture. Donc, modifier la pratique actuelle de la lecture dans les écoles est un autre défi pour les éducateurs dans la formation de lecteurs potentiels, qu’ils soient auditeurs ou pas, dans le cadre de l’éducation d’inclusion.