L’objectif de cette contribution est de présenter une partie d’un doctorat en cours sur le thème de la suppléance familiale qui étudie le rôle du conjoint de l’assistante familiale auprès de jeunes admis en services de placement familial. Cette question sous-entend une interrogation plus large qui se pose dans les familles recomposées - reflet des évolutions de notre société - sur le rôle d’un adulte envers un jeune entre lesquels il n’existe ni lien juridique, ni lien biologique mais un lien affectif construit à partir d’un vécu quotidien au sein de la famille de sa conjointe. Tout en nous référant au champ théorique des sciences de l’éducation et à un domaine de recherche précis - celui de l’éducation familiale, qui inclut les actions de suppléance familiale - nous empruntons des concepts et notions à d’autres disciplines des Sciences humaines et sociales comme la psychologie sociale, la sociologie mais aussi l’anthropologie. Le cadre théorique est construit notamment à partir des travaux sur les représentations sociales (Jodelet, 1997 ; Abric, 1994), du modèle de l’école des conventions (Boltanski, Thévenot, 1991), de la recherche d’Anne Cadoret (1995) sur l’anthropologie du placement familial, des travaux d’Irène Théry (1995) et de Thierry Blöss (1996) sur les familles recomposées, de la théorie élaborée par Pierre Bourdieu (1970) sur le concept d’habitus et de la recherche de Jean Kellerhals et Cléopâtre Montandon (1991) sur les stratégies éducatives des familles. À partir d’un corpus de 26 entretiens réalisés auprès de conjoints d’assistantes familiales, il s’agit ici de présenter le mode d’éducation reçu par ces hommes, d’identifier les dispositions durables qu’ils ont acquises au cours de leur enfance afin de comprendre dans quelles mesures ces dispositions se retrouvent dans leur rôle paternel auprès des jeunes accueillis et de leurs enfants. Les premiers résultats montrent qu’il existe des phénomènes de reproduction des modes d’éducation.