Cette recherche est issue d’une thèse de sciences de l’éducation, dont l’objectif était d’établir un bilan du fonctionnement et de l’histoire des collèges et lycées dits expérimentaux ou « différents » ayant existé en France depuis 1945, en partant de l’hypothèse qu’il existe des cumuls de pratiques optimisants ou restrictifs.
Les données ont été recueillies dans une trentaine d’établissements de l’enseignement général, publics ou privés. Des observations et des entretiens ont été menés afin d’observer les pratiques et de savoir comment elles étaient vécues à la fois par les enseignants, les élèves et les parents. Le dépouillement d’archives et des entretiens d’histoire orale ont permis de saisir les évolutions et les permanences.
Cette recherche montre que les établissements étudiés sont très différents les uns des autres. Les novateurs divergent en particulier sur la question du rôle de l’adulte et de ce qui doit être imposé à l’adolescent, et sur le choix des priorités qui doivent être mises en avant. Quatre modèles d’organisation pédagogique différente peuvent être distingués : les collèges épanouissement, les lycées centrés sur l’élève, les écoles non directives et les écoles institutionnalisées. En dépit de leur réussite pédagogique forte dans certains domaines, ces « écoles différentes » se heurtent à des difficultés. L’Éducation nationale les accepte difficilement et leur rend la vie souvent pénible. D’autre part, le travail en équipe des enseignants est souvent conflictuel. La pédagogie active qui est prônée ne suscite pas toujours l’adhésion des élèves, conduisant à un désarroi enseignant. L’analyse des interactions entre les acteurs permet de dégager des processus cumulatifs issus des contradictions entre les attentes implicites des uns et des autres, et de montrer les malentendus qui en sont issus.