La recherche sur laquelle s’appuie cette contribution et qui fait l’objet d’une soutenance de thèse, effectuée sous la direction de Philippe Carré, professeur à Paris X-Nanterre, est portée par deux questions : « l’école peut-elle être un lieu d’autoformation ? » et « l’école prépare-t-elle à l’autoformation tout au long de la vie ? ».
L’idée fondatrice est d’étudier un dispositif centre de ressources, qui vise à favoriser des pratiques d’autoformation accompagnée, à travers le prisme de l’apprenant qu’est l’élève, avec pour première hypothèse que ce dispositif a des effets sur les élèves, sur leurs méthodes de travail, sur l’ambiance de la classe, sur leurs résultats scolaires et sur leur image de soi, et, pour deuxième hypothèse, qu’il a des effets sur leurs dispositions à apprendre en les préparant à l’autoformation tout au long de leur vie.
Nous avons suivi pendant trois ans 17 élèves d’une classe de l’établissement support de cette recherche, en effectuant un recueil de données et des analyses essentiellement qualitatives, tout en réalisant une monographie du dispositif mis en place. La modestie du chercheur est de rigueur en matière de résultats : la plus-value de l’innovation pédagogique, que représente un dispositif centre de ressources en formation initiale, réside dans un « confort » des apprenants plutôt que dans une révolution radicale et immédiate de la transformation de la nature des apprentissages, assortie d’effets spectaculaires.
L’un des résultats les plus inattendus concerne ce que Philippe Perrenoud appelle « le métier d’élève ». En effet, nous avons observé que ce métier présente plusieurs facettes : les élèves font confiance à leurs enseignants et suivent leurs directives, ils s’adaptent relativement facilement à un nouveau dispositif dont ils repèrent rapidement les avantages et les inconvénients et enfin ils sont capables d’acquérir de nouvelles habitudes de travail et de les perdre rapidement pour revenir à des pratiques plus anciennes.