Contribution recherchée

Atelier n� 9 : Education familiale et questions de genre

Titre Les familles populaires et l’école républicaine. Actualité de la perspective durkheimienne
Auteur(s) PERIER Pierre

Texte
À suivre Durkheim, « l’éducation doit être essentiellement chose d’autorité » et « l’autorité morale est la qualité maîtresse de l’éducateur ». À écouter ce que disent spontanément des parents de milieux populaires récemment interviewés - dont des familles immigrées - des missions prioritaires de l’école, la discipline, le respect, les règles de la vie en commun, sont les valeurs cardinales d’une éducation portée par l’autorité des enseignants et « l’ascendant naturel » qu’ils doivent exercer sur les élèves. C’est à travers ce prisme que les parents jugent de la qualité des établissements et des enseignants, se rassurent ou s’inquiètent de la scolarité, des (mauvaises) influences reçues et de leurs effets sur la construction identitaire des adolescents. Plus exactement, ils ne pensent pas séparément l’éducation de l’instruction, ni l’autorité de l’égalité. Sensibles à tout signe de discrimination ethnique ou perte de mixité sociale dans la classe, cette « petite société » dont parlait Durkheim, les parents de milieux populaires en appellent volontiers à l’autorité morale de l’école et des enseignants.
Or, loin de rencontrer l’écho souhaité, leur attente engendre tensions et malentendus dans la division du travail éducatif entre école et familles. Plus précisément, un différend semble s’établir entre des enseignants qui jugent volontiers que les enfants sont difficiles à « tenir », « mal » ou « pas éduqués » et les parents qui critiquent les professeurs ou l’institution scolaire qui ne font pas face avec l’autorité nécessaire, l’esprit de discipline et les rapports de pouvoir qu’ils doivent inculquer aux enfants. Toutefois, en même temps qu’ils énoncent des principes généraux, ils manifestent dans certaines circonstances une forme de refus de les voir appliquer à leur enfant en particulier et sont alors enclins à éprouver un sentiment d’injustice ou de traitement discriminatoire, notamment les familles immigrées.