Contribution recherchée

Atelier n� 11 : Violences, conflits et discriminations ; l’éducation à la citoyenneté est-elle une des réponses ?

Titre L’identité professorale menacée par la question du civisme à l’école
Auteur(s) MONIN Noëlle

Texte
La question du civisme, qui se pose à l’école avec plus d’acuité depuis une dizaine d’années, a suscité de nombreuses réactions du monde enseignant, en particulier des réponses en termes d’innovations pédagogiques. L’effervescence suscitée par cette nouvelle forme d’anomie scolaire s’apparente à un demi-succès, puisque les maîtres, même les plus investis dans le traitement des incivilités, les dénoncent néanmoins comme nécrosant leurs conditions de travail et porteuses de souffrance. Le système d’enseignement à visée plus égalitaire prive les professeurs des avantages symboliques conférés à leur statut par l’excellence de leurs élèves. Le lent effritement de ce capital par la remise en cause des dimensions sacrées de l’école, joue en même temps un rôle révélateur d’un état latent : la menace identitaire du corps professoral.
Le malaise des enseignants face aux désordres scolaires tient à la remise en cause des valeurs morales et de l’habitus conforme qui structurent leur être social et organisent l’exercice du métier. Leurs réponses aux incivilités traduisent le sentiment d’une menace identitaire, c’est-à-dire une remise en question de la position dominante qu’ils ont toujours occupée dans l’espace scolaire par la division sociale de l’école (Peyronie, 1996).
Une enquête (N= 3 300 questionnaires) a été adressée aux maîtres du premier et du second degré (collège) d’une académie. Leur demander de définir la notion de civisme a permis de mettre en évidence les valeurs morales auxquelles ils sont attachés. En confrontant ces valeurs avec ce qu’ils disent des caractéristiques du comportement de leurs élèves, on peut déterminer un seuil du tolérable en matière de transgression morale. Enfin, en les interrogeant sur ce qu’ils ressentent face aux comportements incivils de leurs élèves et sur leur capacité à réagir à cette disqualification, on peut être renseigné sur la nature de leur malaise.