Seront présentés certains résultats d’une recherche qui, suite à une thèse sur le rôle des imprévus dans la construction de la professionnalité enseignante, s’intéresse à la construction de capacités adaptatives d’enseignants expérimentés - ici des instituteurs maîtres-formateurs (IMF). Des chercheurs ont montré la capacité d’improvisation (au sens de Tochon : mobilisation de routines ou « scénarios intégrés ») de tels enseignants, capacité d’adaptation notamment à l’hétérogénéité des élèves, ce qui les distingue des novices, accrochés à leur préparation, peu disponibles aux imprévus. Mais quels facteurs entrent dans la construction de ces capacités adaptatives ?
Des histoires de vie professionnelles ont été recueillies auprès de quatre IMF (16 heures d’entretien) et traitées avec le logiciel Alceste qui construit des typologies de discours. La psychologie sociale en permet une interprétation. Cinq classes de discours pointent les facteurs entrant dans la construction de capacités adaptatives : le contexte temporel de l’expérience, le rapport aux collègues, le rapport aux parents, la planification didactique, et l’écart aux prévisions - les deux derniers faisant une large place aux imprévus. À l’origine de cette construction, en général des situations perçues comme difficiles, mais pas seulement, qui font évoluer les représentations.
Cette construction, peut s’interpréter comme s’opérant grâce à plusieurs éléments : les processus de construction des représentations et de l’identité professionnelle ; le rôle déstabilisant des imprévus ; le repositionnement institutionnel que constitue l’appartenance au groupe des IMF. Il apparaît d’ailleurs que ce repositionnement éclaire différemment cette capacité d’improvisation vis-à-vis de la préparation conçue comme cadre souple, ce qui est de nature à interroger la formation.