L’une des vocations de tout système éducatif est de s’assurer la plus large représentation territoriale possible, par l’étendue de ses structures, pour espérer faire profiter tous les enfants des savoirs utiles, conformément au devoir régalien de l’État dont il émane. Cette performance, relativement aux autres institutions de l’État, lui vaut d’être, bien souvent, la plus grande victime de la guerre. On peut classer les incidences de la guerre sur le système éducatif en trois catégories :
- La destruction physique du champ éducatif ;
- La détérioration du champ de la politique éducative ;
- La dégradation du champ psycho-socio-démographique.
Le système éducatif ivoirien s’inscrit parfaitement dans ce contexte depuis le déclenchement de la crise, le 19 septembre 2002. Face à l’afflux des populations scolaires des zones occupées vers les zones libres, l’État, à travers le MEN, a opté pour la création, dans les zones d’accueil des déplacés, de structures nouvelles et indépendantes appelées « établissements de relais ».Ainsi, 139 établissements primaires et secondaires ont été créés. Cette option, bien qu’apparaissant comme une formidable mesure d’adaptation du système éducatif à la situation de guerre, pose un certain nombre de problèmes au centre desquels se trouve la question de l’égalité des chances de réussite scolaire entre les élèves « relais » et leurs homologues « conventionnels ».
La région d’Abidjan a servi de terrain de recherche, car elle regroupe à elle seule 58 % des établissements de relais. Cette recherche s’est appuyée sur trois types d’échantillons :
- un échantillon d’ordre institutionnel a permis de traiter la question de la cohérence et de l’efficience ;
- un échantillon des acteurs a permis de traiter la question de l’efficacité et de l’efficience ;
- « un focus group » a permis d’élucider la question de l’influence des facteurs psychosociaux.
Nous travaillons pour proposer aux décideurs, aux partenaires et aux acteurs un projet type d’éducation en urgence avec deux volets : un volet « curatif » qui s’adresse aux déplacés et réfugiés, et un volet « préventif » mis en œuvre en situation normale.