Nous analysons 45 minutes d’un enregistrement vidéo dans une CLISS pour malentendants. On s’intéresse aux interactions didactiques et à leur effet sur la communication des enfants sourds en direction d’entendants. On observe un maître spécialisé, 3 enfants sourds et 2 entendants, lors d’une partie de cartes pendant laquelle les seconds enseignent la règle du jeu aux entendants (tutorat inversé, Baudrit, 2002). On veut répondre à des questions empruntées à Dumas-Carré et Weil-Barais (1998) : « Comment le professeur s’y prend-il pour qu’à un moment, un élève se décide à intervenir ? » et « Comment les interventions du professeur sont prises en compte par les élèves ? »
Une analyse de contenu montre que le maître privilégie chez ses élèves sourds le développement de compétences à prendre la parole, maintenir l’interaction et s’exprimer clairement. Il choisit une tâche spécifique, utilise des routines conversationnelles et différencie sa manière de communiquer en fonction de ses élèves. Bien qu’on ne puisse tirer de conclusions à partir d’un seul cas, il semble, que l’implication des malentendants augmente en cours de séance. On remarque aussi, entre entendants et sourds, des échanges semblables aux « interactions illicites » qui se déroulent dans les classes ordinaires. On voit l’intérêt du tutorat inversé pour favoriser l’intervention des enfants sourds. Mais, il y a peu entre élèves, de dialogues véritables sur la tâche. Le tutorat, seul, ne suffit pas à déclencher des échanges mixtes élaborés. Il faut donc étudier les effets d’autres modes de relations : coopération par exemple. Nous concluons, qu’à l’école primaire, la médiation des enseignants est nécessaire pour que des enfants sourds s’expriment volontiers en direction d’entendants.