Cette communication inscrite dans le cadre d’une recherche en intelligibilité (Barbier, 1995), interroge les conditions de possibilité de compréhension du sens en situation de groupe de formation. Classiquement, le sens des interactions verbales procède d’inférences pragmatiques ou de l’encodage conceptuel et procédural de l’information linguistique (Moeschler, Reboul, 1994). Mais certaines significations lexicales peuvent être porteuses d’une valeur modale axiologiquement bivalente (Galatanu, 2000) dont l’activation du pôle positif ou négatif est fonction du contexte et / ou du cotexte.
Quel phénomène détermine, dans les interactions verbales, l’activation d’un pôle axiologique ? Notre hypothèse est que les pratiques, en l’occurrence les activités évoquées ou manifestées en situation de groupe de formation d’aide à la réinsertion professionnelle, dans lesquelles s’inscrivent les interactions verbales, déterminent l’orientation axiologique des significations lexicales porteuses d’une valeur modale bivalente.
Le cadre théorique de cette recherche est principalement fondé sur une théorie sémantico-référentielle (Kleiber, 1997). Le dispositif méthodologique, quant à lui repose sur l’analyse topique (Ducrot, Anscombre) et l’analyse linguistique du discours (Galatanu, 2000). Les résultats de l’analyse d’extraits de corpus recueillis en situation de groupe de formation d’aide à la réinsertion professionnelle de cadres au chômage de longue durée, conduisent à invalider la possibilité d’un ajustement discursif mutuel dans la coordination des interactions verbales exclusivement fondé, comme le soutien l’analyse conversationnelle, sur des négociations conversationnelles (Kerbrat, 1984, Ghiglione, Trognon, 1993). Ces résultats permettent une théorisation pragmatique du « couplage flou » (Goffman, 1988, 215-216) entre ordre impressionniste local et ordre normatif préalable.