La pratique du tutorat n’est pas une innovation (Moyne A., 1983) et (Meirieu, 1983) mais reste un enjeu pédagogique actuel, (Baudrit, 2000) qui intéresse autant le champ socio-éducatif que celui de l’entreprise.
La recherche que je présenterai s’appuie sur un constat : il existe une demande croissante de formations pour accompagner le personnel engagé dans les dispositifs du tutorat et les stages de formation en établissement scolaire sont appréciés comme une réponse adaptée. C’est donc ce cadre que j’ai interrogé : qu’est-ce qui permet ou pas la rencontre d’un nouveau dispositif avec les compétences professionnelles acquises du corps enseignant ? Quelle alchimie peut exister entre la fragilité des élèves en difficultés et les incertitudes professionnelles ? Dans quelle mesure ces formations permettent-elles d’échafauder des savoirs et savoir-faire ?
J’ai posé deux hypothèses de départ :
- La relation tutorale a une fonction refuge pour l’enseignant qui fait un métier difficile et complexe érodant conviction et énergie (Blanchard-Laville, 2001).
- L’approche clinique permet d’explorer une posture où la relation est objet de multiples confusions.
J’ai choisi une démarche de recherche-formation portant sur quatre sessions dans des collèges et lycées de la région parisienne. Les données monographiques montrent des constantes :
- Le stage d’établissement est utilisé comme un espace d’accueil de plaintes masquant les éventuels déficits d’analyse de pratiques.
- Le pôle affectif de la relation tuteur-tutoré répond le plus souvent à un malaise d’enseignants qui ne trouvent pas dans le cadre institutionnel, non contenant, la sécurité affective nécessaire à la force de l’engagement accordé.
- L’impatience d’une logique d’action s’oppose à une logique du temps, du doute et des retours sur soi que suppose la logique de formation.
Je montrerai que c’est au prix d’un travail de formation portant sur les résistances des enseignants que ceux-ci investissent leurs pratiques empiriques et accordent du sens à leurs choix professionnels.