Les Instructions officielles de 2002 pour le cycle III de l’enseignement élémentaire inscrivent la littérature dans les apprentissages obligatoires ; par ailleurs, le débat sur l’enseignement du fait religieux s’est récemment ouvert dans trois champs disciplinaires : l’histoire, l’éducation civique et l’enseignement des Lettres, débat rendu plus actuel par le surgissement d’événements politico-religieux qui interrogent le rôle de l’école dans ce domaine et également par les questions posées à une harmonisation européenne des systèmes éducatifs : plusieurs pays européens francophones ont des positions très différentes du choix français - enseignements confessionnels et enseignement moral intégrés.
La particularité française en la matière - enseignement religieux dispensé exclusivement à l’extérieur de l’école et nécessité de l’accession des élèves à un patrimoine littéraire fortement marqué par la culture judéo-chrétienne - pose un véritable défi à la didactique de la littérature et par conséquent à la formation initiale et continue des enseignants chargés des apprentissages littéraires. Comment concevoir une approche spécifiquement littéraire de textes faisant référence à des croyances identifiables pour le premier degré et quelle différence de traitement avec les textes sacrés, inscrits aux Programmes du premier cycle du secondaire ? continuité, rupture, points communs ?
La présente contribution se propose d’examiner, à travers la comparaison de deux exemples précis - faisant partie de listes officielles, l’un au titre de la littérature de jeunesse, l’autre au titre des œuvres du patrimoine antique -, les choix ministériels et les choix éditoriaux effectués d’une part et les dispositifs pédagogiques susceptibles de conduire cet apprentissage d’autre part.