De nombreux intervenants psychosociaux des services d’aide à la jeunesse et de protection judiciaire ressentent un malaise par rapport au travail d’évaluation des situations de danger, car ils perçoivent, entre autres, une part importante d’arbitraire dans les prises de décision.
La recherche-action que nous menons actuellement en communauté française de Belgique a pour but de construire des outils d’évaluation susceptibles d’aider les professionnels du secteur à objectiver davantage leurs pratiques. Le défi consiste à conjuguer la complexité théorique avec la simplicité de la pratique et déboucher, à long terme, sur un programme de formation commun aux services publics et privés. La cohérence de notre modèle s’appuie principalement sur la prise de conscience de la réalité vécue par ces familles en difficulté (facteurs de danger), oppressées par le poids du passé (habitus), aveuglées par le quotidien routinier (quotidienneté), mais capables de changement (plasticité, réflexivité, protension, conscience pédagogique, épanouissement de l’enfant par la prise en compte de ses besoins).
Dans cette communication, après avoir décrit brièvement le fonctionnement de l’Aide à la jeunesse en Belgique francophone, nous présenterons le cadre conceptuel élaboré à partir de la littérature et du recueil de données auprès de quelque 300 travailleurs psychosociaux. Nous terminerons par les perspectives de formation envisagées à l’issue de cette recherche.