Notre recherche relative à la construction d’une éthique professionnelle des professeurs des écoles lors de leur entrée dans le métier nous a permis de mettre en évidence, après les épreuves déjà décrites (Moreau, 2004), une phase décisive de la professionnalisation, que nous interprétons comme l’assomption de la responsabilité. Elle correspond au passage « de l’autre côté du miroir » qui s’effectue généralement entre le dernier stage en responsabilité et la prise de fonctions. Du point de vue de l’éthique de l’éducation, assumer sa responsabilité professionnelle suppose l’accès à des compétences spécifiques telles que se reconnaître en tant que singularité dans une communauté éducative, anticiper sa praxis quelles que soient les circonstances, savoir s’y prendre avec autrui dans tous les moments de l’acte éducatif. Nous montrons que ces compétences peuvent s’expliciter à partir des principaux principes herméneutiques qui fondent « l’éthicité » de la relation pédagogique : anticipation de la perfection, choix de l’interprétation pertinente selon la situation, cercle herméneutique, principe d’indulgence herméneutique. Ces principes structurent la confiance mutuelle nécessaire dans l’éducation. Nous précisons ensuite la fonction de la réflexivité en fin de formation initiale, et le rôle de la résilience relativement aux difficultés rencontrées. Le dernier stage acquiert alors une valeur prédictive essentielle, lorsqu’il est interprété comme un recul devant cette assomption de la responsabilité.
Les résultats obtenus permettent de cerner la pertinence des pratiques d’accompagnement au cours de la formation initiale, en réfutant l’intérêt d’une « conversion » du jeune débutant à un paradigme qu’il conviendrait d’imiter. L’assomption de la responsabilité installe l’autonomie du professionnel.