Dans les établissements secondaires, le centre de documentation et d’information (CDI) est le lieu dédié à la documentation. Une vive polémique s’est engagée sur ce que doit être la documentation en milieu scolaire. Le débat semble cristallisé autour de deux idées centrales, l’une porte sur le rôle pédagogique du CDI et l’autre sur la mission des enseignants documentalistes. Cette communication vise à montrer comment quelques résultats issus de notre travail de thèse (« Utilisations des documents à l’école, évolution des directives officielles de 1817 à 1999 ») peuvent éclairer le débat actuel.
Afin de préciser d’où vient la notion « d’apprentissage documentaire », nous avons cherché à préciser la notion de « documents » et la place qui leur était accordée dans les directives officielles. Notre outil d’investigation est un index de citations en contextes du mot « document » dans un corpus de 693 textes réglementaires organisant l’enseignement d’une classe d’âge, celle des « 11-15 ans ». Il couvre la période comprise entre 1817 et 1999. Des analyses statistiques s’appuyant sur l’analyse de « plot box » ou boîtes de dispersion (Tukey, 1972) et des analyses sémantiques alliées à une mise en perspective historique ont permis de restituer un cadre temporel.
En nous appuyant sur l’évolution des directives réglementaires, nous identifions « quatre âges du document ». Nous identifions une rupture en 1952 que nous comprenons comme l’avènement d’un nouveau paradigme pédagogique qui place l’évolution de l’enseignement secondaire sous les auspices de la documentation. Nous mettons en évidence que la position presque hégémonique du terme « document » recouvre une réalité complexe et intègre la coexistence de consignes liées à une multiplicité d’attentes. Nous expliquons pourquoi la mise en application des instructions est difficile à concilier avec la structure actuelle du CDI. A l'occasion de la Biennale, nous analyserons dans quelle mesure cet espace social peut jouer le rôle d’un « hors de la classe » au sein de l’établissement et favoriser le passage « du désir de savoir au désir d’apprendre ».