Mises en place au sein des collèges, les Sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) ont progressivement remplacé les Sections d’enseignement spécialisé (SES), un dispositif indépendant et extérieur au milieu ordinaire. L’objectif principal des SEGPA est de faciliter l’obtention d’un diplôme de niveau V par des élèves présentant depuis l’école primaire des difficultés scolaires graves et persistantes, et d’éviter la relégation et la stigmatisation de ces élèves. In fine, ce dispositif se donne pour but leur réintégration dans un parcours d’enseignement ordinaire.
La recherche présentée dans cette communication fait l’hypothèse que la co-existence dans un même établissement scolaire de deux dispositifs, ordinaire et adapté, n’est pas une condition suffisante pour permettre la disparition de la distinction entre ces deux groupes d’élèves, de la compétition intergroupes et du favoritisme intragroupe. Cette étude a porté sur un échantillon de 60 élèves de quatrième d’un collège du département de l’Isère (20 en SEGPA et 40 en enseignement général). L’amplitude de la discrimination entre ces deux groupes d’élèves a été estimée à l’aide d’une méthodologie de matrice d’allocation de ressources. Chaque participant avait pour tâche de répartir des ressources financières (3000 euros) entre différents projets, caractérisés par leur type (3 modalités : sportifs, culturels ou loisirs) et leur porteur (2 modalités : élèves de SEGPA ou d’enseignement général).
Les résultats de cette étude montrent que les élèves des deux groupes pratiquent la discrimination intergroupe et le favoritisme intragroupe. Néanmoins, ils soulignent aussi que ce phénomène est beaucoup plus massif chez les élèves scolarisés en SEGPA que chez ceux scolarisés en enseignement général. Ces résultats seront discutés à la lumière des notions de comparaison sociale, cohésion sociale, et de sentiment de menace.