La mise en place du projet de recherche « L’invention de nouveaux métiers dans le secteur des services en Lorraine », soutenu par la Région lorraine, en septembre 2004 nous a confronté à plusieurs problèmes de méthode qu’il semble judicieux d’exposer ici.
Par la mobilisation d’une cinquantaine de chercheurs lorrains, ce projet forme la base sur laquelle se fonde, d’un point de vue pragmatique, le travail réflexif sur la pluridisciplinarité en matière de recherche, qui sous-tend le projet de Maison de la Recherche. Il a pour ambition de construire des connaissances sur les voies et perspectives de création de nouveaux métiers en Lorraine, dans leurs liens avec le développement territorial, l’organisation du travail et la formation.
Deux principaux problèmes de méthode ont été rencontrés. D’abord, celui du repérage des « nouveaux métiers ». En effet par définition, ce qui est nouveau n’a pas d’existence antérieure, or l’identification des implantations géographiques sur lesquels porter le regard d’une part, la sélection des secteurs d’activités à retenir d’autre part, ou encore l’évaluation des masses d’emplois qu’ils représentent, sont des préalables au choix et à la construction des outils de recueil de données. Ensuite, celui de la définition de la notion de nouveau métier. L’étude des modalités d’émergence d’un nouveau métier nécessite des choix parmi les différentes définitions possibles. La situation n’est pas la même suivant qu’il y a une identification nominative (emploi-jeunes ou auxiliaires de vie scolaire), des besoins disparates à satisfaire, un re-découpage de fonctions / attributions assurées de façon « sauvage », ou la matérialisation marchande d’un travail « fantôme ».
Qui plus est, ces deux problèmes de méthode ne sont pas indépendants mais interfèrent non seulement entre eux, mais aussi avec les procédures de définition de postes rattachées aux référentiels de compétences de métiers « stabilisés ». Or, c’est à ce niveau que se dégage la dimension des enjeux politiques d’un tel projet.