Implanté depuis 1982 à Hérouville Saint-Clair, citée cosmopolite de la banlieue caennaise, le CLE (collège lycée expérimental), en tant qu’établissement expérimental, est soumis depuis quelques années à une évaluation serrée de ses résultats. Les études statistiques institutionnelles montrent que ceux-ci ne sont pas à la hauteur de ce qu’il serait permis d’espérer, principalement au regard des CPS de ses usagers.
Sur l’initiative d’un groupe d’enseignants du CLE, une recherche s’est mise en place depuis 18 mois dont l’objectif est d’identifier, autant que faire se peut, la « plus-value » apportée par le CLE. Notre hypothèse de départ était la suivante : la fréquentation d’un établissement au fonctionnement institutionnel différent du fonctionnement standard des lycées et collèges a-t-elle un impact sur le rapport au(x) savoir(s) des élèves ?
Une première démarche de recueil de données sous forme d’enregistrements vidéos de cours de différentes disciplines, ne nous a pas permis d’avancer relativement à cette hypothèse. Nous inspirant des travaux de Charlot et coll., nous avons demandé à l’ensemble des élèves de troisième (50 élèves) de répondre à la question : « Depuis que je suis né, j’ai appris plein de choses. Qu’est-ce qui compte vraiment pour moi dans tout ça ? Pourquoi ? ». Après analyse des 50 textes réponses, on peut d’ores et déjà mettre en avant plusieurs points clés : les élèves enquêtés semblent dans une représentation des apprentissages à finalité principalement « sociale » (avoir un métier, s’intégrer…) et non spécifiquement « scolaire », les savoirs « académiques » sont, pour bon nombre, péjorés. D’autre part, ce public se distingue de celui de l’étude précitée par un potentiel critique, y compris sur l’objet de la recherche elle-même, relativement important.