Cette communication est issue d’une recherche, conduite dans le cadre d’un doctorat en sciences de l’éducation, sur les pratiques éducatives dans le secteur de la « formation-insertion » (dispositifs pédagogiques relevant des politiques de lutte contre le chômage et l’exclusion). Les discours recueillis, à partir d’entretiens cliniques à visée de recherche auprès des professionnels et des publics concernés ont été analysés en s’appuyant sur des éclairages théoriques d’orientation psychanalytique.
Ces situations illustrent comment la fonction contenante (R.W. Bion ; D.W. Winnicott) des cadres pédagogiques est mise à l’épreuve dans ces dispositifs. Ce phénomène s’exprime selon des modes divers qui traduisent un rapport conflictuel à l’autre, au savoir et au cadre. Parmi eux, j’insisterai sur une modalité qui peut paraître secondaire au regard de certains « passages à l’acte » violents auxquels les professionnels peuvent être confrontés. Elle conduit les sujets accompagnés à superposer sur le cadre pédagogique un « autre » qui leur est tout à fait singulier et à évoluer entre les deux dans une sorte d’« espace intermédiaire ». Celui-ci peut s’appréhender chaque fois que l’accompagnateur a l’impression que le sujet accompagné n’est pas là où il « l’attend », tant au niveau des dimensions liées à l’apprentissage qu’à celles relatives à l’insertion.
À partir de l’apport théorique de P. Aulagnier, je proposerai de retrouver au sein de ces phénomènes la trace d’angoisses archaïques qui sont au fondement du sujet. Ce qui pourrait être en jeu dans ces « espaces » serait l’ensemble du processus psychique par lequel, dans une dynamique du changement, chacun re-négocie son « compromis identificatoire » entre ce qu’il a été et ce qu’il cherche à devenir. Il s’agira alors de se questionner sur l’écoute d’un tel processus et ses effets attendus sur l’apprentissage et l’insertion socioprofessionnelle.