Cette recherche tente d’approfondir la réflexion sur la centralité du travail et son rapport à la dynamique identitaire, dans sa dimension primaire, sachant que l’identité primaire s’organise à partir de l’identification familiale, scolaire et environnementale… au cours de l’enfance, jusqu’à l’intégration socioéconomique du sujet. Cette étude en psychologie fait suite à une thèse en sciences de l’éducation sur la crise identitaire du chômeur de longue durée, et qui a montré que le travail restructurait toute l’identité, notamment par réorganisation des valeurs, dans l’identité secondaire. La question était posée de l’effet intergénérationnel de la valeur travail sur la construction identitaire primaire, celle des enfants.
Le travail est le médiateur le plus important entre l’individu et la société. À ce titre, il est décisif et fondamental dans le processus de mobilisation de l’intelligence et dans la constitution de l’identité, au même titre que la sexualité. L’exclusion du « travail » affecte la santé, non seulement, des chômeurs, mais aussi de leur environnement proche, notamment leurs enfants. Les échecs, les décrochages scolaires, les violences des jeunes enfants vivant dans des familles et milieux sociaux où l’absence du travail est un « modèle référentiel », montrent les effets délétères intergénérationnels et sociétaux de l’exclusion. L’absence de référent « travail » cantonne les jeunes, dès l’école, dans l’exclusion sociale.
Quels sont alors les mécanismes psychiques mis en œuvre dans la construction identitaire primaire, privée de représentation parentale signifiante et de référents au travail ? Comment l’enfant intègre-t-il la valeur travail et en quoi elle devient constitutive de son identité ? À ces questions, nous avons formulé l’hypothèse que le « travail », espace psychique et social de l’enfant, est structurant de son identité primaire. Il est source de ses choix de modèles identificatoires, d’abord par le cercle familial, puis par son milieu scolaire et enfin par son environnement extra-scolaire.