L’autorité de l’enseignant n’est pas « naturelle » mais résulte d’une construction de savoirs dans l’action. Une part irréductible du phénomène relève de la dimension personnelle, déclinée selon deux axes : l’axe des compétences professionnelles (dispositifs pédagogiques, savoirs d’action) et l’axe clinique. La question de l’autorité chez l’enseignant laisse transparaître la personne avec son histoire singulière, son vécu éducatif, ses choix et leurs motivations, ses symptômes inconscients.
Notre propos est issu de l’analyse de seize entretiens cliniques de recherche, réalisés auprès d’un échantillon diversifié d’enseignants exerçant en zones d’éducation prioritaire. Le discours sur l’autorité oscille entre nostalgie et prise de conscience de changements positifs. Les relations sémantiques entre autorité, autoritaire et autoritarisme sont clarifiées, sans que les enseignants ne parviennent toujours à se situer. Par ailleurs, l’existence d’une autorité naturelle demeure une représentation constante et idéalisée de la profession, bien que difficile à définir et à expliciter. L’idée apparaît que l’autorité peut s’acquérir. Les mots servant à définir l’autorité laissent une large place à la dimension symétrique de la relation. Terme omniprésent, le « respect » d’abord initié par l’enseignant avant d’être mutuel fonde la relation d’autorité. Il est également associé au dialogue, à l’échange, à une parole enseignante non incidente mais efficiente. De même, respect et exigence envers les élèves sont deux pôles de l’autorité enseignante. La confiance résulte de ces divers aspects.
La dimension asymétrique vient ajouter la distinction institutionnelle enseignant/élève à celle générationnelle adulte/enfant. Le professeur la re-présente, tout en acceptant la composante symétrique irréductible de la relation d’autorité. L’exercice de l’autorité telle que les enseignants se la représentent allie exigence, souplesse et adaptation.