Les logiciels de géométrie dynamique permettent d’aborder certaines parties du programme de mathématiques au collège. Au-delà des incitations officielles et des actions de formation initiale ou continue en direction des enseignants du second degré, ces applications informatiques imposent à l’enseignant de réviser son mode d’action pédagogique, pour des contenus d’enseignement traditionnellement associés à des scénarii papier-crayon. Ce faisant, la construction individuelle de ces nouveaux gestes professionnels repose sur des processus instrumentaux qui s’exercent sur plusieurs types d’objets : didactiques, pédagogiques, techniques.
Comme dans bien d’autres situations d’innovation où les TIC (technologies de l’information et de la communication) sont mises au premier plan, nous étudions les conditions d’usage des enseignants utilisateurs ; toutefois nous complétons nos investigations par une tentative de compréhension des motifs d’évitement, sinon de rejet. C’est précisément ce que nous présentons, à travers une enquête par questionnaire, qui aborde les différentes dimensions de ces usages ou non-usages : rapport personnel aux technologies, aux mathématiques, formation professionnelle, croyances et pratiques pédagogiques, environnement institutionnel.
L’hypothèse testée est que les faibles usages constatés relèvent davantage d’obstacles individuels à la mise en œuvre en classe des technologies de géométrie dynamique (TGD) que des conditions collectives d’exercice des professeurs de mathématiques. L’un de ces obstacles, que nous qualifions de conflit instrumental, se manifesterait par le fait que les objets géométriques abordés en classe sont inscrits dans des routines de présentation vécues en tant que collégiens et restituées en tant qu’enseignant, qu’une formation et qu’un accompagnement ne peuvent pas faire complètement abandonner au profit de logiciels.