Le mouvement Freinet a longtemps entretenu un rapport ambigu avec les milieux de la formation et de la recherche. Cette ambiguïté peut se lire à travers plusieurs entrées dont la validité reste à mettre en évidence : la conception du savoir véhiculée par Célestin Freinet, le rapport au savoir des enseignants du mouvement Freinet, avec en parallèle à leur inscription empirique dans une démarche de type constructiviste, des réticences envers les discours savants en éducation et enfin la singularité du mouvement Freinet comme mouvement pédagogique indépendant qui assoit son identité de groupe par la diffusion conjointe d’un discours protestataire et d’un discours moderniste (O. Reboul, 1980).
L’objet de cette recherche est, à l’heure où le mouvement Freinet réalise un important travail d’archivage (création d’un centre d’archives, mise en ligne des archives etc.), de comprendre sa marginalité dans le champ de l’éducation et de la formation alors qu’on peut considérer la pédagogie Freinet comme un véritable paradigme pédagogique autonome (G. Schelmminger 1996). Il s’agira donc d’examiner, à partir des archives conservées, diverses tentatives de collaboration entre praticiens de la pédagogie Freinet et universitaires pour tenter d’y percevoir des éléments pertinents d’explications et de proposer un état des lieux du rapport qu’entretient le Mouvement Freinet avec les milieux de la recherche en sciences humaines et en particulier les sciences de l’éducation.