Dans une thèse en cours, j’interroge l’exercice de l’autorité dans la classe. Loin du discours pessimiste sur la « crise » (de l’autorité, de l’éducation…), je soutiens l’hypothèse d’une transformation de la relation pédagogique liée à des évolutions sociales. Il s’agit d’une recherche clinique dans une approche sociologique. Les matériaux recueillis proviennent d’observations de classes de collège et d’entretiens individuels approfondis de type non directif avec des enseignants.
Quels sont les moyens utilisés pour faire autorité dans la classe ? Les enseignants se sentent-ils soutenus collectivement, qu’attendent-ils de leur hiérarchie, des collègues, des surveillants, des parents ? Se sentant démunis, ils inventent des dispositifs pédagogiques spécifiques pour assumer l’exercice de leur autorité. Ces cadres dépendent largement de leurs personnalités et de leurs diverses conceptions de l’autorité. Interroger également des élèves m’a semblé important, leurs représentations de l’autorité et du rôle du professeur étant différentes de celles des enseignants.
Une recherche livresque sur les questions de l’exercice de l’autorité et de la relation de transmission me conduit à penser que les difficultés rencontrées dans l’enseignement nécessitent de ne pas être considérées uniquement comme des problèmes internes à l’école, mais aussi comme des phénomènes sociaux agissant et réagissant dans le cadre scolaire. En particulier la tension entre autorité nécessaire en éducation et processus social égalitaire bouleverse la relation pédagogique. Ceci m’amène à considérer l’école comme un lieu de résonance de tensions sociales auxquelles les enseignants réagissent par la mise en place de cadres individuels.