Contribution recherchée

Atelier n� 1 : Quelles nouvelles formes de professionnalisation ?

Titre De l’apprenant à la personne : pour une approche renouvelée de l’autonomie dans les travaux sur l’autoformation des adultes
Auteur(s) ENEAU Jérôme

Texte
Largement étudiées depuis une trentaine d’années, les dimensions psychopédagogiques de l’autoformation ont permis de décrire les aspects individuels de l’autonomie de l’apprenant adulte, en termes de caractéristiques et de compétences, notamment. Depuis les premiers travaux sur le self-directed learning, jusqu’aux nouveaux dispositifs utilisant l’autoformation comme modalité pédagogique, l’accent a surtout été mis sur l’apprentissage autonome, dans les recherches, au détriment d’une conception plus large de l’autonomie d’apprenant.
Si cette ambiguïté reste soulignée par certains chercheurs, du côté Nord-américain, d’autres auteurs ont proposé d’élargir la conception de l’autonomie à des pôles dépassant la stricte dimension psychologique de l’autoformation : en étudiant l’influence des circonstances, potentiellement organisatrices de l’apprentissage, en proposant une vision constructiviste de l’autonomie, ou en soulignant l’influence de l’environnement social sur l’autoformation.
Du côté français, par contre, l’autoformation reste vue comme une « formation de soi », construite par soi-même, mais aussi par les interactions avec les autres et l’environnement. Cette conception de l’autonomie s’apparente alors à une perspective développementale et identitaire, à l’interface de dimensions individuelles et collectives ; Dès lors, elle incite aussi à réexaminer la terminologie même « d’individu » ou « d’apprenant », pour lui préférer, à l’instar de certains chercheurs francophones, celle de « personne », dans une acception plus large.
Au-delà de sa connotation philosophique, cette notion conserve une richesse sémantique qui permet une conception de l’autoformation dépassant le strict cadre psychopédagogique des caractéristiques individuelles de l’apprenant, permettant de mieux comprendre comment l’autonomie de l’adulte, dans son apprentissage, peut se construire « avec et par autrui ». Revenant aux sources de l’andragogie et de l’autoformation, il s’agit alors de voir comment, à partir des postulats de Knowles et de Rogers, notamment, cette vision de la personne peut être conceptualisée. Si l’apport d’auteurs tels que Mounier, Buber, Lahbabi ou encore Labelle, est indéniable, c’est toutefois la pensée de Ricœur qui semble la plus féconde pour penser l’autonomie de la personne, dans la perspective d’une vision renouvelée de l’autoformation.