Fondée sur une série d’études empiriques prenant pour objet les relations discursives, mais aussi pratiques, entretenues par les organisations syndicales enseignantes avec la notion de recherche, principalement recherche en éducation, dans le contexte de la société cognitive et réflexive (au sens de Giddens), cette communication prend appui sur des évolutions qui se sont produites depuis une vingtaine d’années, faisant passer les protagonistes concernés (syndicalistes/chercheurs) d’une conception d’assez grande extériorité entre leurs deux univers respectifs à une conception ménageant une place de plus en plus importante à leur rapprochement, sous diverses configurations. Au-delà du constat des clivages initiaux, et de celui des usages plus ou moins fortement instrumentalisés des résultats de la recherche, on s’aperçoit que la question des passages entre univers de la connaissance et de l’action se pose : comment certaines « idées » ressortissant à la recherche circulent-elles d’un univers à l’autre, font-elles l’objet d’une possible hybridation et brouillent-elles éventuellement les frontières ? L’enjeu de cette étude déborde le cadre qui lui sert de point de départ. Il est d’ordre épistémologique, et interroge la possibilité d’un dépassement dialectique autorisant éventuellement à tenir ensemble, au bénéfice d’une troisième qu’on pourra appeler « transversaliste », ces deux visions des relations entre monde de la recherche et monde ordinaire ou « profane » : la vision distinctive/séparatrice (dite « différencialiste » dans la lignée de Merton) et la vision critique/relativiste (dite « antidifférencialiste » dans la lignée de Callon et Latour). L’hypothèse est posée que l’exemple des enseignants et de leurs organisations dans leur rapport à la notion de recherche en éducation est apte à éclairer sur quelques aspects de ces possibles « bougés » ou « tremblés » épistémologiques.