Nous proposons un témoignage réflexif à propos d’un travail de débat philosophique conduit conjointement dans une classe de CM1-CM2 de REP de Lyon. Cette classe avait déjà l’habitude du débat philosophique ainsi que d’autres temps de parole (Quoi de neuf ? Conseil, etc.). Ici il s’agissait d’expérimenter un nouveau dispositif avec la mise en place de rôles différents (chef de parole, observateurs, débatteurs, etc.), de mettre en place un dispositif de réflexion écrite, d’approfondir un même thème sur plusieurs séances.
Á l’occasion du 60e anniversaire de la libération des camps de concentration la classe avait abordé une question (« le mal absolu est-il pensable ? ») et suggéré d’en parler en débat philo. Nous décrirons le déroulement des séances consacrées à la formulation du questionnement, au thème du meurtre de manière plus générale (à partir d’une phrase de Paul Ricœur), à un retour réflexif et débattu des élèves sur leurs synthèses écrites et enfin au travail mené, à partir d’une question formulée par les enseignantes, sur la thématique initiale. Á partir du corpus constitué par les enregistrements des séances et les productions écrites des élèves, nous nous proposons de décrire et analyser l’évolution du langage et de la pensée des élèves au cours de ces séances.
Ce travail ouvre plusieurs pistes de questionnements concernant : les contenus des débats philosophiques (rapport entre philo et histoire, approche de la notion de morale…), la méthodologie (formulation de la question, approche de la définition de l’argument, rôle de l’exemple, liens entre écrit et oral…), l’évolution du débat entre les élèves et de leur pensée personnelle.