Au sein de multiples situations didactiques, savoirs, savoir être, savoir-faire, ne paraissent-ils pas émerger non pas de l’action d’une source unique repérée, enseignant ou formateur, mais plus largement des interactions entre chaque participant ? Lorsqu’il est question de co-construction, de collaboration dans la réalisation d’une tâche concrète et spécifiée, lors de travaux pratiques par exemple, quels outils d’analyse du fonctionnement de l’individu comme du groupe, permettant un retour sur les apprentissages, avons-nous à notre disposition et lesquels serait-il éventuellement pertinent de créer ?
Bruner, se référant aux travaux de Goodman, insiste sur une certaine idée du constructivisme qui ne conçoit pas une réalité unique mais reconnaît une pluralité de « réalités psychologiques », fruits de l’interaction entre chaque esprit et le monde qui l’entoure. Pour Vygotski, la communication entre sujets constitue le fondement primordial de l’émergence de leur pensée. En nous inscrivant dans le sillage de ces deux chercheurs, nous cherchons à décrire une situation didactique non pas uniquement comme peut la percevoir et la comprendre l’observateur mais en nous intéressant à la manière dont chaque participant a vécu l’échange créateur et s’en est nourri.
Pour cela, l’événement choisi est d’abord filmé numériquement. Nous procédons ensuite à autant d’entretiens d’explicitation, au sens de Vermersch, que de participants acteurs de cet événement, et les filmons également. Le montage de l’ensemble de ces documents vidéographiques par « unités chrono sémantiques » constituera une ossature audiovisuelle qui viendra au final informer de multiples manières un écrit, le méta-récit, où le regard externe de l’observateur et les regards internes des protagonistes se confrontent, s’imbriquent, se répondent et se complètent à la manière d’un puzzle à multiples facettes.