La recherche traite de l’articulation entre le « monde virtuel » et le « monde réel » dont sont capables les jeunes enfants, à travers l’étude du réinvestissement de connaissances acquises à l’aide d’un logiciel de simulation pour résoudre des problèmes portant sur les objets matériels. Elle s’inscrit dans la lignée des travaux concernant l’usage des systèmes multimédias dans des contextes éducatifs et notamment les logiciels de simulation (Smyrnaiou, 2003). L’originalité de l’étude présentée a trait au contexte éducatif envisagé (une exposition scientifique de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris) et au jeune âge du public cible (enfants âgés de 3 à 5 ans), un âge pour lequel on dispose de peu d’informations sur la capacité à extraire d’une succession de représentations imagées des informations pertinentes pour agir dans le monde des objets, ce qui suppose de mettre en relation des représentations et des aspects de la réalité (les objets et les actions).
Vingt enfants ont été observés dans le contexte d’un élément d’exposition proposant des activités avec de la peinture via un logiciel informatique. Deux activités concernant le mélange des couleurs leur ont été successivement proposées : une première utilisant le support informatique, puis une seconde avec des peintures contenues dans des pots, un pinceau et des feuilles de papier. Dans les deux situations, l’activité des enfants a été soutenue par un adulte médiateur qui s’est attaché à aider l’enfant à découvrir par l’action les règles de mélange des couleurs primaires. Les activités ont été filmées et les échanges entre le médiateur et l’enfant ont été transcrits.
L’analyse des données s’est attachée à mettre en relation les activités des enfants dans les deux activités (colorier des objets au moyen du logiciel versus avec la peinture matérielle), en liaison avec les aides dont les enfants ont eu besoin pour réussir. Elle montre que la mise en relation entre l’expérience virtuelle et l’expérience réelle est effective pour les enfants les plus âgés. Pour les plus jeunes, l’utilisation de l’informatique en tant qu’outil de simulation dans des conditions d’une exposition, semble insuffisante. Il est vraisemblable que ces enfants ont considéré l’environnement virtuel comme étranger aux activités s’appuyant sur des objets matériels. L’expérience préalable et les connaissances antérieures semblent jouer un rôle qui reste à déterminer.