Cette contribution de recherche propose un retour sur l’expérience des travaux personnels encadrés (TPE). Mis en place dans un contexte de construction historiquement disciplinaire des programmes d’enseignement, et témoignage d’un véritable souci de transversalité, les TPE interrogent le système scolaire. Quels sont les enjeux dont est porteuse une pratique reposant sur un principe interdisciplinaire dans un contexte d’enseignements cloisonnés ? On souhaite à la fois revenir sur leur mise en place pratique dans les établissements (sur quels thèmes ? entre quels enseignements ?) et s’interroger sur leurs conséquences induites dans les manières d’enseigner (mutualisation des pratiques pédagogiques ? réinterprétation du programme ?). In fine, doit-on y voir l’indice de l’émergence d’une nouvelle conception du système d’éducation ou un effet d’annonce ?
Des entretiens auprès d’enseignants ont été réalisés dans le cadre d’un travail de thèse sur la réception des réformes éducatives par les enseignants syndicalistes du secondaire en France. Les données issues des entretiens s’articulent avec des éléments de cadrage historique. Pour les élèves, l’objectif affiché était le renforcement de leur autonomie et de leur implication dans le processus d’apprentissage. Le succès de cet objectif est à relativiser selon le profil, social et scolaire, de l’élève. Du côté des enseignants, l’annonce de la mise en place des TPE a d’abord reçu pour accueil une résistance face à la remise en cause de leur souveraineté pédagogique. Son instauration effective a pourtant suscité des réactions positives de la part des enseignants. Plus globalement, l’enjeu des TPE est une conception holistique du système d’éducation, une approche transversale de la formation qui pose elle-même la question de la transposabilité des techniques d’enseignement et par tant de la frontière pédagogique entre les disciplines.