La prospérité actuelle des conseils d’élèves à l’école primaire nous invite à nous interroger sur le sens et les enjeux politiques et éthiques de telles pratiques. Cette communication fera la synthèse d’un travail de thèse à partir de la problématique suivante : en quoi et à quelles conditions des conseils d’élèves permettent de solliciter et d’exercer une attitude démocratie et éthique ?
À cette fin, nous avons procédé à l’observation et à l’analyse de plusieurs conseils dans les trois cycles de l’école primaire. Dans un premier temps, nous avons cherché à comprendre le sens que pouvait recouvrir la diversité des structures et des organisations observées. Dans un second, nous nous sommes attachés à repérer s’il apparaissait une spécificité fonctionnelle des conseils de chaque classe, grâce notamment à l’analyse détaillée des interactions langagières croisées avec une approche plus comptable élaborée selon certains critères relatifs aux hypothèses émises. Dans un troisième temps, nous avons analysé les propos tenus par les acteurs eux-mêmes.
Ce travail a permis de repérer combien la dimension d’historicité est au cœur de la démocratie, combien la dimension spatiale révèle une mise en scène des rapports politiques au sein de la classe, mais aussi combien la situation de communication est à entendre comme lieu intersubjectif de l’échange au sein duquel s’opère la construction de soi. Une typologie des questions posées par les enseignants a permis d’identifier celles qui favorisent ou empêchent le débat au sein du groupe.
Enfin, il est apparu que certains conseils fournissent aux élèves l’occasion de vivre un véritable pacte social et politique dont l’enjeu se situe au niveau même du sens de la Loi entendue alors en terme de construction, ce qui laisse à penser que les élèves s’obligeront davantage à y obéir. Le lien social ainsi institué de ne renvoie-t-il pas à l’une des caractéristiques essentielles de la démocratie ?