L’orientation éducative qui s’est substituée dans les années 1960 à l’approche « adéquationniste » (F. Danvers) s’est essentiellement attachée à produire des outils pour guider l’activité des conseillers, alors que la pratique de ceux-ci s’appuie largement sur des entretiens individuels. L’approche clinique se centre, quant à elle, sur la relation que le clinicien est susceptible de construire avec une personne en demande. La démarche clinique (M. Revault d’Allonnes) présente ainsi au professionnel de l’orientation de nombreux repères qui viennent éclairer ses interactions avec chaque personne qu’il reçoit : attention portée à la « singularité radicale » (A. Lévy) de chaque situation, à l’implication du conseiller dans la relation, aux processus de transfert et de contre-transfert, etc.
Les travaux de « la clinique de l’activité » (Y. Clot) apportent par ailleurs un éclairage complémentaire à l’orientation, notamment à travers l’accent mis sur la dimension dialogique. Cette médiation qui s’appuie sur une compréhension active du professionnel et vise « les deux zones de développement potentiel » (de l’efficience et du sens) rappelle le « travail d’élaboration en collaboration » souligné, en orientation, par J. Guichard et M. Huteau. Le conseiller d’adultes, attentif aux divers aspects qui interfèrent ainsi dans les échanges, deviendrait un « clinicien du travail » (C. Revuz).
Des extraits d’analyses détaillées tirées d’entretiens d’orientation effectivement réalisés (avec des demandeurs d’emploi) et reconstitués à partir de notes précises permettront de montrer comment les dimensions éducatives et cliniques viennent s’articuler et renforcer la compréhension des processus à l’œuvre dans divers accompagnements : apprentissages, exploration du passé, interventions du professionnel, explicitation des compétences, « acheminement progressif » (E. Enriquez) du sens investi dans un métier.