Cette contribution porte sur le volet qualitatif d’une recherche menée par l’observatoire des résultats de l’université Paris 1 sur les activités rémunérées des étudiants et leurs conditions de vie. Quelles sont les motivations des étudiants qui les poussent à travailler ? Comment s’intègrent les rémunérations des activités de travail dans les ressources des étudiants ? Comment appréhendent-ils la dimension professionnelle de leurs activités rémunérées ?
Pour répondre à ces questions, nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de 28 étudiants. Leur exploitation a permis de dresser une typologie reflétant l’hétérogénéité des combinaisons études / activités rémunérées. De manière assez attendue, la typologie reflète les conditions socio-économiques des parents et l’avancement en âge des étudiants. Mais elle permet également de mettre en lumière une interaction entre activités rémunérées et projet professionnel des étudiants. Pour certains, les activités rémunérées permettent d’affiner, de tester, d’orienter leur projet professionnel. Pour d’autres, elles participent véritablement à la construction stratégique de leur parcours d’insertion professionnelle.
Nos résultats déstabilisent la figure de l’étudiant à plein temps. Les étudiants en situation de double statut étudiant/salarié ont une nouvelle façon de se situer par rapport aux études qu’ils ne considèrent plus nécessairement comme leur occupation principale. Le travail en cours d’études interroge également les pratiques d’orientation professionnelle. Dans le contexte du débat sur la professionnalisation de l’enseignement supérieur, l’université doit sans doute s’interroger sur la construction et la reconnaissance des expériences professionnelles des étudiants pour mieux les prendre en compte au moment des choix d’orientation et d’insertion.