Les instruments d’évaluation institutionnels (évaluation DEP) révèlent de manière précoce et récurrente une sorte de stéréotypie sexuée disciplinaire : les mathématiques sont un territoire masculin, alors que les lettres sont plutôt un territoire féminin. Face au constat statistique des différences de performances selon le genre : doit-on en conclure que les élèves filles et les élèves garçons présentent de réelles différences de performances, voire des capacités différentes ou est-ce les situations, les contextes liés à ces évaluations qui créent ces écarts ?
Un certain nombre de travaux en psychologie sociale montre précisément que certains contextes psychosociaux évaluatifs sont à même de modifier les performances scolaires. Les travaux sur la menace du stéréotype sont éloquents à ce sujet. Ainsi, cette première recherche expérimentale, réalisée auprès d’élèves de niveau CE2, révèle que la nature des consignes données avant la réalisation d’exercices, lors des évaluations nationales, est en mesure de moduler les performances des élèves en fonction de leur genre en mobilisant le phénomène de menace du stéréotype comme hypothèse explicative. Cette recherche montre que les élèves peuvent échouer lors des évaluations car leur attention est partagée entre le travail qu’ils doivent accomplir et les doutes qui les assaillent sur la valeur de leur niveau de compétence. Dès lors, l’élément le plus déterminant de ces contextes évaluatifs semble bien être le poids de la pression évaluative. Ainsi, certains élèves pourraient ressentir le phénomène de menace du stéréotype lorsque, par exemple, les filles sont évaluées lors des tests de mathématiques ou, inversement, lorsque le niveau scolaire des garçons est évalué en français.
Que cette pression soit explicite ou implicite, elle a, semble-t-il des effets délétères auprès des élèves qui échouent habituellement dans ces situations. Ces premiers résultats très encourageants devront toutefois être répliqués avant d’être généralisés.