Cette contribution concerne la salle de classe, lieu de construction des savoirs, considérée comme un espace ressource (Derouet-Besson, 1998). Une enquête par observation (dans le cadre d’une thèse), avec le support technique de la photographie a permis d’appréhender la mise en scène de savoirs temporels et de savoirs liés à la lecture-écriture dans 80 classes primaires en Hainaut. Je m’en tiendrai dans cette contribution à l’affichage des savoirs temporels abordés en début d’école primaire.
Comme au théâtre où les éléments du jeu scénique importent, jusqu’au décor qui ne peut être regardé simplement dans sa fonction primitive d’écrin enjolivant (Dort, 1980), la salle de classe est en pédagogie un lieu de mise en scène des savoirs : agencement de l’équipement, l’orientation des visages, la structure de l’espace et de ses caractéristiques : étendue, éclairage, esthétique… pour entretenir le dialogue entre le public, les élèves, et la réalité : savoirs et compétences.
Les résultats conduisent à une double classification des différentes modalités d’aménagement. Premièrement, selon leur statut, maîtres titulaires ou nomades (intérimaires remplaçants ou chargés de cours spéciaux) sont inégalement autorisés à user des cimaises. Les affichages permanents semblent réservés aux maîtres titulaires. Parfois le maître nomade oscille entre négociation (pratique d’un affichage temporaire et résignation, murs blancs). Ensuite, et selon leurs contenus, les affichages sont constitués de documents et objets destinés à la lecture, la représentation et la structuration du temps. Ils assurent un triple rôle d’éclairage, d’intégration et de partage, facilitent aux apprenants l’accès aux systèmes d’interprétation des événements temporels et du monde.